Il aura fallu tout rendre compréhensible pour qu’on n’y comprenne plus rien

Il aura fallu attendre que la messe soit dite dans notre langue pour que nous n’y comprenions plus rien. Il aura fallu attendre « la participation » pour devenir mentalement passifs malgré notre hyperactivité physique. Nous en sommes arrivés au point que la Présence réelle sur l’autel en est réduite à une simple abstraction : souvent les fidèles n’en sont plus conscients et le clergé, de son côté, ne manifeste que de l’indifférence, quand ce n’est pas du scepticisme. Tous sont cependant unanimes sur le fait qu’il ne s’agisse que d’un symbole.

Ils ont réveillé le Serpent!

Les évêques dans les journaux et les journaux des évêques acclament en chœur le sacrilège : l’enfant qui a rompu l’hostie pour la donner à son père divorcé remarié : une mise en scène selon moi, des foutaises selon d’autres. Mais qu’on me pardonne : qui est celui qui a tant besoin de nos mensonges mêlés à la vérité ? Qui est l’inspirateur du sacrilège ? Qui est le père du mensonge ? Tel l’oracle du Seigneur et le Seigneur des cieux nouveaux et de la terre nouvelle, on a réveillé le Serpent et ses sifflements s’élèvent dans le Sanhédrin, résonnent dans le temple et retentissent hors du temple jusque dans le monde, provoquant un tonnerre d’applaudissements, de pleurs et de rires.

Je confesse…

Je contemple les voûtes de cette église de quartier que je n’ai jamais aimée et que je n’avais jamais considérée comme ma maison. Cette fois, oui, je me sens en famille, je fixe ces voûtes et elles me semblent infiniment chères. On dirait la charpente du ventre d’un grand bateau perdu en pleine tempête au beau milieu de l’océan. Et je me sens moi aussi sur la barque de Pierre avec Jésus à bord qui fait semblant de dormir. Et ma panique se calme et se transforme en rire lorsque le Messie ouvre un œil, qu’il me fixe et qu’il dit à voix basse : « Ne craignez pas : je suis là, ne le voyez-vous pas ? Allons, du calme… voyons ce que font les autres, et Pierre. Toi, fais semblant de rien. »

Le devoir d’avorter

Ne croyons pas que l’avortement soit un phénomène récent : la loi sur la dépénalisation n’a fait que ratifier une tendance qui se renforce non pas depuis des années mais des décennies, particulièrement dans les régions rurales du Sud de l’Italie à cause des grossesses « irresponsables » – c’est le cas de le dire – à répétition, non désirées mais survenues par pure concupiscence : nos braves grand-mères d’aujourd’hui, ces ménagères de province que nous considérons aujourd’hui comme les piliers inébranlables du foyer domestique, combien d’avortements clandestins n’ont-elles pas réalisés, allant parfois jusqu’à s’ôter le pain de la bouche pour payer une de ces faiseuses d’anges qui venaient pratiquer à domicile ?

Sic transeunt desideria mundi

Un conflit terrible entre la Pensée Unique et l’Eglise catholique est sur le point d’éclater. Le référendum irlandais n’est que le dernier avatar d’un long processus de déchristianisation de l’Occident qui a commencé il y a plus de 500 ans. Dans cet article dense et apocalyptique, Antonio Margheriti et Vittorio Messori décryptent pour nous l’actualité à la lueur de l’histoire et nous montrent que ce processus ne doit rien au hasard ni à une érosion naturelle des croyances. S’en suit une comparaison étonnante avec les dernières révolutions occidentales avant de nous révéler une vérité saisissante et terriblement actuelle. Un article à lire et à méditer absolument.

Les splendeurs des églises sont la richesse des pauvres

Quelle que soit l’époque, le pauvre qui entrait dans une église dont il avait bien souvent contribué généreusement à la construction savait une chose : toute cette splendeurs, ces murs somptueux, ces saints représentés sur ces tableaux magnifiques, la musique sublime, chaque sacrement, le salut même que toutes ces choses symbolisaient et promettaient lui appartenaient. Tout cela était là pour lui, à son entière disposition, tout l’apparat universel glorieux et triomphant de l’Eglise étaient au service de son âme.

Jésus mendiait sur la place

Tout autour de moi, ce ne sont que des mendiants affairés, apathiques, froids, on dirait presque des professionnels : ils ne voient même pas celui qui leur donne quelque chose ou celui qui refuse. Ils ont perdu leur humanité en même temps que leur fortune : ils sont pareils à des animaux en recherche de leur subsistance, prêts à fondre sur leur proie pour la dépouiller. Impossible de faire la différence entre le parvis des Postes Centrales de Rome et un documentaire animalier à la TV.

L’Eglise en kit

Pour remplir les églises vides, aujourd’hui tout est permis. Tout, sauf être intégriste bien sûr car il s’agit de l’unique péché restant, du seul péché originel qu’il soit encore possible de commettre. On peut tout penser, tout changer, tout dire et tout faire, tant qu’on est pas intégriste. N’a-t-on pas tendance à accuser un peu vite ces intégristes de tous les maux ? Ce dialogue prôné par les modernistes n’est-il pas parfois un compromis entre le bien et le mal ? Cette obsession de faire salle comble à tout prix est-elle vraiment sans risque ?

Journées pour les vocations: du marketing au sacrilège

Certains croient pouvoir résoudre la crise des vocations avec le show-business ou la « traite des religieuses ». L’actualité et les scandales en tout genre leur donnent clairement tort. Et si nous n’avions plus de vocations chez nous parce que nous étions devenus indignes de les recevoir, de les accueillir et d’en profiter? Au fond, les vocations ne sont-elles pas davantage un don de Dieu plutôt qu’une stratégie de marketing gagnante?

L’ambassadeur qui aimait trop les hommes

Je vous livre ici, avec une petite histoire inédite, ce qui s’est vraiment passé dans l’affaire de l’ambassadeur gay refusé par le pape François. Un pape dont la colère a fait trembler les murs de Sainte-Marthe. Vendredi dernier, une délégation s’est rendu dans le bureau du pape pour le mettre devant le fait accompli concernant Stefanini, certains de recevoir sa gratitude. Mais tout à coup – et il s’agit ici d’un témoignage direct – on commença à entendre des éclats de voix provenant du bureau du pape, des éclats de voix de plus en plus violents.

La fornication vous fait rire ?

Les militants de la laïcité n’hésitent pas à pointer du doigt et à railler toute déviance, particulièrement lorsqu’il s’agit de faits d’argent de mœurs. « Justement vous qui dites… ». Justement vous qui défendez le célibat, vous avez des amantes et des enfants. Justement vous qui condamnez la pratique de la sodomie vous êtes sodomites ; vous qui parlez de la pauvreté vous êtes attachés à l’argent, vous qui faites la morale à la société vous être les pires carriéristes qui soient ; vous qui parlez de sécularisation vous êtes sécularisés et en fait nous n’avez même aucun respect pour votre Dieu dont vous méprisez les pratiques de dévotion. Ils ont raison.

La sœur qui parlait au bon Dieu

En entrant dans cette église de Rome, je ne savais pas que j’allais au-devant d’une rencontre mystique au carrefour de la poésie, de la littérature et du mystère silencieux de Dieu qui façonne le destin des hommes. Quelques sœurs assistent à la messe. Près de l’entrée, sur une chaise roulante, est assise une très vieille sœur, perdue dans son délire mais parfaitement lucide, comme comblée d’une ironie aimable et surannée. En l’observant, je m’aperçois qu’elle a même cessé de parler aux hommes, de répondre au travers des mediatores Dei, elle répond directement à Dieu, elle lui parle : elle est déjà de l’autre côté.

Ce que le pape a vraiment dit aux gays

S’il y a bien quelque chose qui répugne à Bergoglio, c’est précisément l’homosexualité et c’est précisément pourquoi il l’affronte en contournant le problème. Dans cet avion qui le ramenait de Rio, il n’a pas prononcé la phrase que les médias ont rapporté mais il a dit : « s’ils cherchent vraiment Jésus… ». Un impératif fondamental pour ajouter ensuite « qui suis-je moi, pour juger ? ». S’ils cherchent Jésus. Autrement dit, s’ils l’avaient réellement trouvé, ils renonceraient par la force des choses à leur conduite sexuelle qui appartient aux quelques rares péchés – il n’y en a que quatre ou cinq en tout – qui crient vengeance au ciel.

A table! Liturgie et idéologie

La table est le lieu de la révélation des symboles et de la vérité, le lieu où tous les vices et toutes les vertus, tous nos affects et nos ressentiments se croisent et s’entrechoquent. C’est le lieu par excellence de la politique, c’est-à-dire du dit et du non-dit, de l’allusion subtile, de la pique empoisonnée et par-dessus tout de cet équilibre à maintenir pour préserver la fragile paix domestique durant la liturgie solennelle.

Ce qu’il reste du Carême

Le Carême aujourd’hui. Ou comment le bien-être a pris la place de ce qui est bien, la prévention celle de la santé, l’exercice physique celle de l’exercice de la vertu. La diététique celle du jeûne, l’obsession contre les aliments gras celle des privations alimentaires. Tel est le nouveau moralisme néo-gnostique. C’est ainsi que nous sommes passés du regimen salvationis au regimen sanitatis.

Le sourire d’Ercolino

Un prêtre de la banlieue de Rome me disait récemment : « nous sommes aujourd’hui de moins en moins nombreux et il faut tout recommencer depuis le début : nous avons besoin d’aide et c’est à cela que vous devriez nous servir, vous les laïcs plus formés et consciencieux. Au lieu de cela, vous ne nous créez que des problèmes, vous confondez l’humble travail de l’ouvrier dans la vigne avec la volonté de commander en sacristie, vous avez oublié que l’homme ne s’évangélise pas seulement par des paroles mais également par l’exemple. ».

Prêtre à Rome, prêtre à Paris

L’autre soir, j’accompagne un jeune ami prêtre pour dîner aux alentours de la Via Tiburtina. Il m’attend en voiture devant le cimetière du Verano. Il porte des vêtements laïcs à part la petite languette blanche au cou qui indique son état. Alors que nous approchons du restaurant, il fait un geste qui me glace le cœur : il détache la languette de son cou et la fourre en poche. « Ca t’ennuie ? ».

Je ne suis pas Charlie

Quand la satire oublie l’intelligence et tombe dans la vulgarité, elle n’est plus qu’une forme de fanatisme dissimulé : elle n’a pas l’intention de rire du monde en le représentant sens dessus-dessous mais bien de le renverser, avec une volonté de puissance, pour le dominer en détruisant ses adversaires par des allusions calomnieuses.