Un dialogue intime avec Jésus

L'écrivain Antonio Margheriti

L’écrivain Antonio Margheriti

La culpabilité n’a rien à voir avec la repentance.  C’est Lui qui me l’a « dit ».  Du moins, je pense bien que c’était Lui.

C’est arrivé il y a un peu plus d’un mois.  Pour une fois, j’étais arrivé à l’Eglise non seulement à temps mais même largement en avance pour la messe, ce qui est exceptionnel pour moi qui suis un retardataire chronique.  J’en ai donc profité pour discuter un peu avec Lui, devant cette icône sur l’autel qui me fixait avec intensité, devant le Saint-Sacrement.  Oui, dans mon Eglise, le Saint-Sacrement se trouve au fond, derrière… un paravent sur l’autel.  Je vous résume le monologue façon Don Camillo que j’ai eu avec Lui car sa présence était si intense que je pouvais clairement distinguer ses réponses au travers de cette petite voix intérieure que j’appelle ma conscience.

Un monologue qui était presque un dialogue

Moi: « Tu sais pourquoi je viens à la messe… c’est pour entendre ces paroles que j’aime tant: « dis seulement une parole et je serai sauvé ».

La petite voix: « Tu viens aussi parce que tu te sens coupable, tu viens à moi rempli d’angoisse et l’angoisse du péché est diabolique parce qu’elle remplit ta vie plus que la conversion et qu’elle ne laisse plus de place à l’espérance.  Le désespoir appartient à Satan.  Moi, c’est le repentir que je demande. »

Moi: « Je me suis repenti »

La petite voix: « Non, tu es obsédé et physiquement obnubilé par ta propre horreur. »

Moi: « Pendant l’élévation je te dis: ‘Seigneur, je te confie mes péchés, mes fautes, mes besoins et mes espérances’  »

La petite voix: « Tu ne l’as dit qu’une seule fois et ensuite tu dis: reste avec moi Seigneur quand viennent le soir et les ténèbres, quand la nuit descend  sur moi et m’envahit.  C’est l’obscurité qui te fait peur, c’est à elle que tu parles.  En tu libérant de ton sentiment de culpabilité tu te libéreras également du péché et de l’obscurité, de cette tentation qui te submerge quand tu as perdu l’espérance et qu’il n’y a plus de lumière. »

Moi: « Mais je ne suis pas angoissé! »

La petite voix: « Tu l’es à tel point que tu es physiquement incapable de t’approcher de mon corps. »

Moi: « J’ai décidé que ce serait ma punition. »

La petite voix: « Tu vois?  Tu te sens coupable et tu te punis toi-même.  Mais il n’y a que moi qui puisse punir.  Tout cela vient du diable. »

Moi: « Moi-même?  J’ai été jusqu’à te demander de prendre une partie de ma liberté, parce que j’en t’ai fait cadeau, quand je suis prêt à pécher. »

Tu ne crois pas vraiment que je puisse pardonner

La petite voix: « Tu ne sais pas ce que tu demandes, je pourrais te prendre à la lettre et t’immobilier sur un lit.  Tu m’as demandé cela parce que tu as perdu l’espérance.  Tu ne me fais pas confiance.  Et par-dessus tout, tu ne crois pas vraiment que je puisse pardonner. »

Moi: « J’ai peur que ta miséricorde ne soit équivoque.  Je crains que nous y mettions trop de sous-entendus.  Je crains que Dieu ne soit méchant ou pire, qu’il soit juste.  Qui pourrait être sauvé devant un Dieu juste? »

La petite voix: « Je suis ton Dieu, celui des Evangiles, regarde-moi, c’est moi le Dieu fait homme qui a sauvé la prostituée. »

Moi: « Moi aussi, je suis cette prostituée »

La petite voix: « Pour commencer, cesse de fixer tous ces arrières-trains sur les bancs devant toi, tu es trop attiré par les arrières-trains. »

Moi: « Désolé, les fes… les arrières-trains m’obsèdent.  La chair mord, elle me brûle comme un feu lancinant qui dévore mes efforts de continence. »

La petite voix: « Cesse de t’apitoyer sur ton sort, tu confonds tes intentions avec la réalité, tu as une grande capacité à te mentir à toi-même parce que c’est vrai que tu n’es pas chaste mais j’ai remarqué tes efforts et je les apprécie.  C’est comme cela qu’il faut faire, un pas après l’autre,  c’est une gymnastique constante qui peu à peu te permettra de soutenir des efforts plus grands. »

Moi: « A ce propos, tu as vu le Président de la Région des Pouilles, Nichi Vendola, et son petit ami qui sont allés s’acheter un bébé en Californie? »

Le petite voix: « Ce n’est pas un achat, c’est un vol.  Du reste, le voleur de vie c’est Lucifer. »

Moi: « Mais jusqu’à quand Seigneur?  Jusqu’à quand permettras-tu qu’il se déchaîne ainsi sur ce monde sens dessus dessous?  Tous les jours, avec une frénésie et une densité qui nous étouffe?  Pourquoi permettre tout cela? »

La petite voix: « Motus in fine velocior!  Je vois tout et quand je parlerai à la fin, ce sera la dernière parole.  Quant à Vendola, essaye un peu d’imaginer le jour où cet enfant sera grand, quand il apprendra comment les choses se sont passées et qu’il se mettra à chercher la mère à laquelle il a été enlevé – ou pire, acheté – pour de l’argent, comme un objet de luxe.  Tu sais combien le rapport des jeunes avec leurs vrais parents peut être compliqué alors imagine un peu, avec de faux parents…  Sa colère s’élèvera contre ses acheteurs et ce sera leur principale punition.  Il dilapidera tous leurs biens et il les maudira. »

Moi: « Dis seulement une parole et les pierres se changeront en pain.  Nous avons faim de justice.  Dis seulement une parole, Seigneur! »

La petite voix: « Vas-y, demandes-moi ce que voulais me demander. »

Moi: « Seigneur, donne-moi des paroles qui soient comme des flèches de feu. »

La petite voix: « C’est ce que je viens de faire. »

Par Antonio Margheriti, d’après un article original en italien traduit et publié avec l’autorisation de l’auteur.

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