Ne pas avoir peur, voilà notre foi!

Antonio Margheriti

Antonio Margheriti

Je sou­riais ce matin à la mes­se. J’y étais pour­tant arri­vé enco­re plus endor­mi que d’habitude.  Il y avait là un jeu­ne prê­tre mexi­cain plein de fer­veur, une fer­veur qu’il expri­mait avec for­ce gestes litur­gi­ques gran­di­lo­quen­ts, com­me s’il mimait la litur­gie pour mieux pou­voir y par­ti­ci­per en exa­gé­rant ses mou­ve­men­ts.  Mais on voyait qu’il y croyait.  A vrai dire, il ajou­tait de temps à autre l’un ou l’au­tre phra­se de son cru dans la litur­gie… jusqu’au moment de la con­sé­cra­tion mais som­me tou­te, il s’agissait de phra­ses emprein­tes de pié­té.  Et donc… tran­seat !  Si seu­le­ment il y en avait davan­ta­ge com­me lui.

En fin de comp­te, même l’homélie était bel­le et inci­si­ve, si peu dispo­sés qu’on puis­se l’être de grand matin à écou­ter un prê­che. L’autre prê­tre, en revan­che, est trop endor­mi le matin pour que l’on puis­se distin­guer quoi que ce soit dans ses phra­ses hési­tan­tes et pas tou­jours logi­que­ment con­nec­tées entre elles.  Allons, la nuit est fait pour dor­mir !

Le jeu­ne et pétil­lant mexi­cain m’a alors fait com­pren­dre quel­que cho­se qui m’a un peu rap­pe­lé le Roosevelt du New Deal. L’Evangile du jour était celui de la fameu­se bar­que dans la tem­pê­te où se trou­vent Jésus et les Apôtres.  Jésus fait sem­blant de dor­mir pour les met­tre à l’épreuve.  Et voi­ci qu’ils cèdent à la pani­que et au dése­spoir : non seu­le­ment il ne pren­dront pas de pois­son mais en plus ils sont sur le point de som­brer corps et bien.  C’est en tout cas ce qu’ils croya­ient.  Et pour­tant ils con­si­dé­ra­ient leur pas­sa­ger com­me le Messie et il était (quel chan­ce et quel bon­heur) cou­de à cou­de à eux.

Le curé nous met alors en gar­de :

« Quelle est donc notre foi ? Croire à l’existence de Dieu ?  Bien sûr, nous savons que Dieu exi­ste mais Satan lui-même le sait et il y croit : ça ne chan­ge pas grand-chose pour lui, il reste ce qu’il est.  Non, la foi c’est ces paro­les de Jésus « N’ayez pas peur ».  C’est cela la foi: ne pas avoir peur.  La foi c’est la défai­te de la peur, tout spé­cia­le­ment dans l’adversité par­ce que le Seigneur est avec toi, sur la même bar­que et si Lui est avec toi, qui donc peut se dres­ser con­tre toi ?  Il ne lui a suf­fi que d’un seul geste ce jour-là pour cal­mer les flo­ts déchaî­nés. »

C’est cela la foi : ne plus avoir peur de rien. Il est là, pré­sent même s’il se tait.  Mais il par­le­ra et sa paro­le sera la der­niè­re, tu seras sau­vé, les flo­ts s’apaiseront.  Et voi­là aus­si ce qu’est l’absence de foi : avoir peur, se trou­ver dans la tem­pê­te et trem­bler ; croi­re en Dieu com­me s’il n’existait, ou bien com­me s’il exi­stait mais sans rien voir, sans rien enten­dre, com­me s’il était impuis­sant.

C’est une cho­se que nous devrions nous rap­pe­ler plus sou­vent, nous autres catho­li­ques, dans notre vie de tous les jours, sur­tout dans cet­te épo­que tour­men­tée où l’Eglise part à la déri­ve. Il ne fait que fai­re sem­blant de dor­mir, il ouvri­ra les yeux au moment oppor­tun et sa pre­miè­re paro­le sera « Hommes de peu de foi ! » et sa der­niè­re: « N’ayez pas peur !».

En véri­té, quand nous oublions notre foi, nous nous met­tons à avoir peur de tout par­ce que nous avons oublié qu’il y a un rap­port de cau­se à effet entre ces deux cho­ses. On pour­rait même se deman­der si quand nous « crai­gnons » pour l’Eglise ce n’est pas en réa­li­té notre foi qui part à la déri­ve plu­tôt que l’Eglise elle-même.  La foi ne craint pas, elle n’a pas peur : n’avons-nous pas vu vu des mar­tyrs brû­ler vifs avec le sou­ri­re au cœur ?

S’il est avec nous et que nous som­mes avec lui, qui donc est con­tre nous ?

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