Une Eglise solide dans une société liquide

Considéré comme un vaticaniste se tenant à bonne distance de la lutte doctrinale qui se joue actuellement autour du Pape, le célèbre écrivain italien Vittorio Messori fait dans cet article un constat sur l’état actuel de l’Eglise à partir de la théorie de la « société liquide » de Zygmunt Bauman. Aujourd’hui, le croyant s’inquiète du fait que même l’Eglise catholique – qui était un exemple millénaire de stabilité – semble elle aussi vouloir devenir « liquide ». Est-ce vraiment rendre service à la foi que de vouloir remplacer le chêne millénaire de l’Eglise enraciné dans le Christ par un roseau qui ploie dans tous les sens au moindre souffle de vent au gré des désirs et des modes humaines ?

Amoris Laetitia: le cardinal Müller répond aux dubia

C’est à lui aussi que les quatre cardinaux avaient adressé leur cinq dubia sur l’interprétation d’Amoris Laetitia en lui demandant de « faire la clarté ». Ni lui, cardinal Gerhard L. Müller, préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, ni encore moins le pape n’avaient jusqu’à présent répondu à leurs questions. Mais à présent, le cardinal Müller fait toute la clarté, et comment ! Dans un entretien-fleuve publié aujourd’hui dans la revue « Il Timone », il en profite pour critiquer au passage ces évêques qui, par leurs « sophismes » interprétatifs, plutôt que de guider leurs fidèles préfèrent « courir le risque qu’un aveugle conduise un autre aveugle ».

Luther, un Machiavel de la foi

Si l’effet évident de la révolution de Luther sur le mariage lui a servi de prétexte pour jeter le froc aux orties ainsi que pour permettre aux princes de répudier leurs épouses légitimes et de vivre en polygamie, c’est surtout sur le plan de la doctrine que tout allait progressivement changer. Il faut toujours tenir compte d’un élément important: Luther considérait en permanence la noblesse germanique comme étant son interlocuteur privilégié parce qu’il en avait besoin pour triompher dans son combat contre Rome. Et la noblesse germanique, comme celle des autres pays, s’opposait à Rome non seulement sur des questions de politique et de pouvoir mais également sur la doctrine du mariage.

Ordonner des femmes diacres n’est pas la solution

Les femmes jouissaient autrefois d’une influence considérable dans l’Eglise catholique. La commission créée par le Pape ne pourra pas faire revivre cette époque. Ordonner des femmes diacres risque au contraire de nous ramener en arrière. L’Eglise ayant définitivement exclu l’accès des femmes la prêtrise, le risque est grand que ces dernières ne soient confinées dans des rôles subalternes et que la messe catholique ne se transforme en une pièce de théâtre dans laquelle tous les seconds rôles seraient joués par des femmes.

Rahner, le prophète de l’Eglise ouverte

Dans l’Eglise du futur, soutenait Rahner en 1972, une communauté de base devra pouvoir choisir en son sein un chef capable de la guider et la présenter à l’Evêque pour qu’il soit validement ordonné, même s’il est marié ou si c’est une femme. Cette Eglise devra être ouverte à toutes les doctrines pour se rapprocher de l’Eglise de l’Evangile dans laquelle on pouvait dire à peu près tout et où l’on pouvait publiquement exprimer ce qu’on voulait. Les décisions seront prises par la base de façon décentralisée, les divorcés-remariés pourront accéder aux sacrements, la messe du dimanche ne sera plus obligatoire et l’ordre, l’orthodoxie et la clarté devront être abandonnés.

Ne pas avoir peur, voilà notre foi!

Quelle est donc notre foi ? Croire à l’existence de Dieu ? Bien sûr, nous savons que Dieu existe mais Satan lui-même le sait et il y croit : ça ne change pas grand-chose pour lui, il reste ce qu’il est. Non, la foi c’est ces paroles de Jésus « n’ayez pas peur ». C’est cela la foi, ne pas avoir peur. La foi c’est la défaite de la peur, tout spécialement dans l’adversité parce que le Seigneur est avoir toi, sur la même barque et si lui est avec toi, qui peut se dresser contre toi ? Il ne lui a suffi que d’un seul geste ce jour-là pour calmer les flots déchaînés.

L’avenir de l’Eglise sera noir et métissé

C’est aujourd’hui certain: l’Occident européen est spirituellement mort, il a abandonné son âme aux ténèbres et nous vivons aujourd’hui comme des asticots dans sa carcasse en décomposition, respirant ses émanations délétères. Stop. Ici le diable n’est plus nécessaire: nous sommes désormais autosuffisants… et plus très dignes d’intérêt pour lui. En effet le démon n’aime pas les proies faciles et s’en désintéresse vite. Histoire terminée. Même notre passé a disparu, il ne nous reste plus rien.

L’argent est important mais l’Eglise n’en a pas besoin

Je n’arrive pas à comprendre cette obsession cléricale pour l’argent : l’église allemande est la deuxième plus grande entreprise du pays, elle est d’une efficacité bureaucratique redoutable et pourtant c’est l’Eglise la plus pauvre du monde en ce qui concerne la foi… C’est la raison pour laquelle je ne vois pas l’intérêt de payer le denier du culte. Je pourrais me convaincre de payer pour ne pas que mes sous aillent à l’Etat mais me dire « je suis catholique donc je donne à l’Eglise », non. Parce que ça ne sert à rien, à tout le moins tant qu’il y a la foi. L’argent n’est nécessaire que lorsque l’on a perdu la foi. J’ai vu des grands saints sanctifier des populations entières alors qu’eux-mêmes vivaient dans la misère.

L’interview censurée de Hans Urs von Balthasar

Une interview historique du plus grand théologien du XXè siècle retrouvée récemment par le journaliste italien qui l’avait réalisée. Cette interview avait été censurée à l’époque par les modernistes allemands parce que von Balthasar affirmait avec force que Hans Küng (dont Walter Kasper a été l’assistant) n’était plus chrétien. Le grand théologien qui avait appelé Vatican II de ses vœux en analyse les conséquences vingt ans après, en 1985. Une vision perçante, critique, lucide et ancrée dans la foi qui, trente ans plus tard, n’a pas pris une ride.

Darwin, théoricien du racisme

Saviez-vous que Darwin était un théologien qui croyait en Dieu et qu’il est enterré dans la cathédrale de Westminster? Probablement pas. Vous n’avez sans doute pas non plus lu ses livres, comme bon nombre de ses admirateurs. Un petit échantillon de son œuvre principale? « Les deux sexes devraient s’interdire le mariage lorsqu’ils se trouvent dans un état trop marqué d’infériorité de corps ou d’esprit. Quiconque contribuera à empêcher ces mariages rendra grand service à l’humanité ». Darwin prônait également de laisser mourir les malades et les faibles pour renforcer la race humaine par la sélection naturelle et d’interdire aux « membres les plus débiles des sociétés civilisées » de se reproduire. Oui, c’est bien le même Darwin qu’on impose aujourd’hui dans les écoles.