L’avenir de l’Eglise sera noir et métissé

 

L'écrivain Antonio Margheriti

L’écrivain Antonio Margheriti

Oui, le futur de l’Eglise se trou­ve là où l’au­be est rou­ge aujour­d’­hui; elle aura la peau noi­re ou basa­née. Je l’ai com­pris cet­te nuit d’un seul coup.  J’ai l’ha­bi­tu­de d’al­ler dor­mir avec un livre dans une main (pour le moment “Orlando” de Virginia Woolf) et une peti­te médail­le mira­cu­leu­se dans l’au­tre de sor­te que je lis et que je prie un peu en même temps.  Et c’e­st ain­si que je m’en­dors, en lisant et en priant.  Il m’ar­ri­ve par­fois de me réveil­ler en sur­saut: alors cer­tai­nes cho­ses m’ap­pa­rais­sent tout à coup clai­re­ment, com­me de véri­ta­bles illu­mi­na­tions alors que je n’ai fait que les res­sen­tir sous for­me de sym­bo­les dans le rêve qui m’a fait sur­sau­ter.

Nous nous adres­sons si sou­vent à des voyan­ts pour pré­voir le futur de l’Eglise: c’e­st à se deman­der si nous ne fini­rons pas un jour par égor­ger un pou­let pour lui exa­mi­ner les entrail­les.

Et pour­tant il suf­fit de pren­dre un peu de hau­teur. Pour con­naî­tre la véri­té, il ne faut jamais écou­ter le démon, il suf­fit d’ob­ser­ver où et com­ment il agit.  C’est com­me ça qu’on se rend comp­te de ce qui est en train de se pas­ser et de la façon dont les cho­ses fini­ront.  Pour l’Eglise.

Est-ce donc la fin? J’en dou­te quand j’ob­ser­ve “où et com­ment” agit l’an­ti­que adver­sai­re.  Permettez-moi de m’ex­pli­quer.

C’est aujour­d’­hui cer­tain: l’Occident euro­péen est spi­ri­tuel­le­ment mort, il a aban­don­né son âme aux ténè­bres et nous vivons aujour­d’­hui com­me des asti­co­ts dans sa car­cas­se en décom­po­si­tion, respi­rant ses éma­na­tions délé­tè­res. Stop.  Ici le dia­ble n’e­st plus néces­sai­re: nous som­mes désor­mais auto­suf­fi­san­ts… et plus très dignes d’in­té­rêt pour lui.  En effet le démon n’ai­me pas les pro­ies faci­les et s’en désin­té­res­se vite.  Histoire ter­mi­née.  Même notre pas­sé a dispa­ru, il ne nous reste plus rien.

C’est ailleurs que l’avenir de l’Eglise est en train de se jouer

Comment le recon­naî­tre ? C’est sim­ple, il suf­fit de com­pren­dre ce qui éner­ve le plus le dia­ble.  Et quand il est en colè­re, il se rap­pel­le de son pre­mier cha­ri­sme: il est “meur­trier dès le com­men­ce­ment” com­me le rap­pel­le le rituel de l’e­xor­ci­sme majeur.  Là où il ver­se le sang des chré­tiens, unis­sant l’hor­reur au mar­ty­re – l’un de ses autres cha­ri­smes rap­pe­lé par l’e­xor­ci­sme est “l’ob­scé­ni­té” et c’e­st ain­si qu’il tru­ci­de, qu’il égor­ge et s’a­char­ne sur les cada­vres – le voi­là le futur de l’Eglise, c’e­st de là qu’il est en train de renaî­tre, pré­ci­sé­ment là où se déchaî­ne sa furie san­gui­nai­re.  Dans le sang est répan­du — si vous me per­met­tez cet­te hyper­bo­le – il y a de l’e­spé­ran­ce.  Pour ne pas dire “Dieu est là”.

Il suf­fit de con­sta­ter que les con­ver­sions et les voca­tions catho­li­ques, qui n’é­ta­ient jusqu’il y a peu qu’un loin­tain sou­ve­nir en voie d’ex­tinc­tion, affluent à pré­sent de plus en plus nom­breu­ses depuis l’Afrique et l’Asie. En Afrique juste­ment, le chri­stia­ni­sme vient de dépas­ser l’i­slam  pour la pre­miè­re fois depuis 1500 ans.  C’est là qu’a son­né l’a­lar­me et l’heu­re de la ven­gean­ce de Lucifer qui y fait cou­ler des tor­ren­ts de sang bap­ti­sé et rache­té !  Sans rai­son appa­ren­te, sans motif clair, sans aucu­ne logi­que.  Aucun de ces nou­veaux chré­tiens n’a pour­tant recu­lé, ni devant l’é­pée et cet­te absen­ce bestia­le de rai­son!  Alors qu’en Occident, nous autres mora­li­stes à la pan­se bien plei­ne, assi­stons repus et indif­fé­ren­ts à la capi­tu­la­tion de la hié­rar­chie catho­li­que face au néant: en Belgique, les évê­ques eux-mêmes ordon­nent la fer­me­tu­re des égli­ses et les met­tent en ven­te, tout par­ti­cu­liè­re­ment cel­les qui font le plein de fidè­les.

Voilà l’en­droit où le Seigneur a posé son doigt et qu’il nous indi­que: l’Afrique et l’Asie; c’e­st de là que ger­me­ra le futur du catho­li­ci­sme. Renouvelé, puri­fié, sanc­ti­fié par le mar­ty­re.  Et c’e­st là que frap­pe Lucifer.  Mais il a déjà per­du et il le sait bien…

En effet, le misé­ra­ble Assassin qui sou­met l’Occident à la tyran­nie des lois maçon­ni­ques et l’Orient au cime­ter­re impi­toya­bles de maho­mé­tans a déjà per­du la batail­le: la rage n’e­st jamais un signe de vic­toi­re mais bien un signe de défai­te immi­nen­te.

En effet, la peau de l’Eglise de demain sera noi­re et métis­sée. Elle sera éga­le­ment fon­ciè­re­ment plus can­di­de.

Après tout, ce ne sera qu’un retour aux ori­gi­nes: l’Eglise des ori­gi­nes n’était-elle pas juste­ment afri­cai­ne et orien­ta­le, noi­re et métis­sée? Peut-être n’est-ce là qu’un com­men­ce­ment de la fin pui­squ’à la fin, tou­te cho­se se rap­pro­che de son ori­gi­ne, c’e­st ain­si que les vieil­lards retom­bent dans l’en­fan­ce et dans l’in­no­cen­ce.  Avant que tout ne s’a­chè­ve.

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