Les 10 commandements du catholique postmoderne

Une contribution externe d’un fidèle lecteur du site

I. Tu croiras en Dieu en te laissant conduire par un principe général de satisfaction subjective, individuelle ou communautaire, propice à ton développement personnel, dans le respect de la sensibilité de chacun et le souci de la solidarité entre tous

Le rapport à soi : tu te laisseras conduire par un principe général de satisfaction subjective, individuelle et/ou communautaire, dans ta foi en Dieu, qui est avant tout propice à ton développement personnel, dans le respect de la sensibilité de chacun et le souci de la solidarité entre tous.

II. Tu t’adapteras aux idées des autres et tu t’ouvriras sur les valeurs des autres, sauf sur celles des catholiques « inadaptés » ou « fermés », « légalistes » ou « rigoristes »

Le rapport à l’autre : tu vivras dans l’adaptation bienveillante, presque sans limites, aux idées de l’autre, et dans l’ouverture conciliante, quasiment sans réserves, sur les valeurs de l’autre, catholique ou non, chrétien ou non, croyant ou non, sauf, évidemment, si l’autre est un catholique « inadapté » ou « fermé », « légaliste » ou « rigoriste ».

III. Tu approuveras que chacun puisse se tourner vers toute idée de Dieu correspondant à sa sensibilité et à sa subjectivité, et non vers le seul vrai Dieu, Père, Fils, Esprit

Le rapport à Dieu : non seulement tu accepteras, mais en outre tu approuveras que chacun puisse ne pas se tourner, ou se tourner, vers Dieu, comme il l’entend, c’est-à-dire avant tout voire seulement en fonction de sa sensibilité et de sa subjectivité, et tu le feras dans le plus grand respect pour chaque identité, évolution, orientation, individuelle ou communautaire, mais évidemment pas dans celui de la sensibilité catholique « conservatrice » ou « traditionnelle ».

IV. Tu fuiras toute occasion de réflexion personnelle, argumentée et documentée, qui te permettrait de devenir réaliste sur le croire-ensemble et sur le vivre-ensemble

Le rapport à la culture et à la société : tu n’auras pas de réflexion personnelle, argumentée et documentée, notamment philosophique et théologique, susceptible de te permettre de devenir réaliste sur le bien-fondé du croire-ensemble et du vivre-ensemble, ainsi que sur les impensés et les limites du culturellement correct et du sociétalement correct.

V. Tu n’excluras pas de traiter un jour de « nostalgiques », de « passéistes », « d’identitaires » ou de « réactionnaires » les catholiques qui se réfèrent, d’une manière explicite et spécifique, à la Tradition de l’Eglise catholique

Le rapport au christianisme catholique : tu accepteras, et même approuveras, de n’avoir le choix qu’entre « ne pas être contre » et « être pour » l’auto-dépassement du christianisme catholique, dans la rénovation permanente jusqu’à la liquidation progressive, et tu n’excluras pas a priori de traiter un jour de « nostalgiques », de « passéistes », « d’identitaires » ou de « réactionnaires » les catholiques qui se réfèrent, d’une manière explicite et spécifique, à la Tradition de l’Eglise catholique.

VI. Tu considéreras comme escamotables ou facultatives les références à l’Ecriture, à la Tradition, au Magistère qui portent atteinte à ta sensibilité et à la spontanéité de ta foi, laquelle est d’autant plus authentique, légitime, et sincère, qu’elle est dépourvue de toute doctrine

Le rapport au savoir : tu considéreras comme plus ou moins édulcorables, éliminables, escamotables ou facultatives presque toutes les références structurantes présentes au sein ou autour de l’Ecriture, de la Tradition, du Magistère.  Non seulement ces références structurantes, trop exigeantes pour être légitimes, sont archaïques, dépassées, obsolètes, périmées, surtout si elles conduisent à dire oui à Dieu, Père, Fils, Esprit, doc non à ce qui éloigne des vertus chrétiennes ou s’oppose à elles, et non à l’esprit du moment ou du monde présent, mais en outre ces références portent atteinte à ton authenticité individuelle, à ta sensibilité et à ta subjectivité, à la spontanéité de ta spiritualité.

VII. Tu ignoreras et occulteras les analyses, explications, conceptions, distinctions, définitions, formulations « conservatrices » ou « traditionnelles », même si elles sont indispensables à la connaissance et à la compréhension, à la réception et à la transmission de la foi catholique

Le rapport aux expressions porteuses de la cohérence et de la pertinence de la foi catholique : tu ignoreras et occulteras les conceptions, distinctions, définitions, formulations, explications, oppositions, les plus propices à la connaissance et à la compréhension de la foi catholique, car ce langage et cette logique, intolérants et obsolètes, véhiculent des notions et des thèmes adossés au passé et propices à la fermeture sur soi, et non des notions et des thèmes orientés vers l’avenir et propices à l’ouverture sur les autres.

VIII. Ton catholicisme sera authentique et ouvert, et non « artificiel » ni « fermé » : tu ignoreras et occulteras aussi le Catéchisme de l’Eglise catholique, en ce qu’il est « archaïque » ou « intransigeant », et non générateur d’ouverture et de tolérance, dans et pour la modernité et le progrès

Le rapport aux dogmes et aux commandements : ton catholicisme sera authentique et ouvert, et non artificiel ni fermé : pour cette raison, tu prendras en compte, le plus librement possible, ce qui figure dans le Credo, et tu mettras en œuvre, le plus librement possible, ce qui figure dans le Décalogue. Pour ce faire, tu n’auras nullement besoin de connaître et de comprendre le Credo et le Décalogue : au contraire, moins tu les connaîtras, et plus chrétien tu seras, car il te suffira de croire et d’aimer, d’une manière globale, toute fidélité aux distinctions et aux précisions qui figurent dans le Credo et le Décalogue étant génératrice de servilité, en soi-même, et non de tolérance, vis-à-vis des autres.

IX. Dans ton désir de vivre ta foi de façon authentique et dynamique, tu n’accorderas aucun respect particulier aux formes et au fond de chaque élément de la liturgie et de chacun des sacrements de l’Eglise catholique

Le rapport aux sacrements : compte tenu du principe selon lequel plus on respecte ce qui est officiellement et formellement catholique, dans le domaine de la liturgie et des sacrements, et moins on est authentiquement et vitalement chrétien, tu ne chercheras pas particulièrement à respecter les formes et le fond de chaque élément de la liturgie ni celles et celui de chacun des sacrements. Dieu merci, nous ne sommes plus entre le début du Moyen Age et la fin de la première moitié du XX° siècle !

X. Au cours de célébrations eucharistiques, tu pourras et devras non seulement chanter mais aussi bouger, danser, parler, rire avec les autres, au lieu de prier dans le silence et le recueillement. Tu pourras et devras ainsi « t’éclater »

Le rapport à la messe : chacun des éléments de la liturgie et chacun des sacrements doivent être porteurs de convivialité et propices à la convivialité, au cours de chaque cérémonie et au sein de chaque communauté, donc tu pourras, et même tu devras, non seulement chanter, mais aussi bouger, danser, parler, rire, avec les autres, au lieu de prier d’une manière isolée, recueillie, en silence, sans sourire. Tu auras le droit d’arrêter d’être coincé et de commencer à te lâcher ! E-cla-te-toi !

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4 thoughts on “Les 10 commandements du catholique postmoderne

    • Bonjour,

      A. « Avec cela on ira » de plus en plus en direction d’une religion liquide, dans les deux sens du terme :

      – d’une part, elle ne sera ni solide, car elle serait alors par trop conservatrice ou traditionnelle, pour ne pas dire, dans l’esprit de certains, ringarde ou sectaire, ni gazeuse, parce que cela ferait comprendre beaucoup trop tôt et trop vite dans quelle mesure le catholicisme post-moderne est suicidaire,

      – d’autre part, elle sera en phase avec la société liquide, à l’intérieur de laquelle, entre autres choses, les religions sont acceptées

      a) compte tenu de leur potentiel d’alignement sur des dynamiques et des mécanismes propices à l’adaptation des structures et des relations, à l’évolution du langage et du message, à l’innovation linguistique et liturgique, à l’orientation seulement axiologique, et non plus avant tout théologale,

      b) en fonction de leur potentiel d’alignement sur des dynamiques et des mécanismes propices au changement et au mouvement, à la confusion et au consensus, à la contextualisation dans la culture et dans la société, dans l’espace et le temps, et à un mobilisme présentiste normé par l’ouverture indéfinie.

      B. Chacun aura compris que le catholicisme post-moderne n’a pas besoin d’être formellement hérétique pour être matériellement post-orthodoxe ; c’est le catholicisme de la gestion des aspirations et des inspirations, des catégories et des comportements, des émotions et des opinions situées au sein et autour de l’ordre du croire humain en Dieu et de celui de l’agir humain en ce monde.

      C. Cette gestion a pour effet ou pour objet de contrarier ou de contredire, de frustrer ou de gêner le moins de monde possible, au sein et autour de l’Eglise catholique, notamment et surtout en ce qui concerne les questions situées dans le domaine de la religion, dont celles relatives aux erreurs et à la vérité en matière religieuse. Là où « l’unité » est un totem, toutes ces questions sont des tabous…

      D. Je le dis autrement : nous n’en sommes plus à l’intégralisme personnaliste, mais nous en sommes à l’inclusivisme périphériste, dans le cadre duquel l’animation liturgique ou pastorale s’effectue sans grande régulation dogmatique ou doctrinale, et dans le cadre duquel la mise en oeuvre de l’ouverture dans la miséricorde vers les périphéries a pour composante ou conséquence logique la ringardisation et la stigmatisation des pélagiens, des pharisiens, et des docteurs de la loi qui ont perdu la foi.

      E. Et d’ici peu, sauf s’il y davantage de vigilance et de résistance, face à la tendance à la « liquéfaction », ou face à la tentation de « liquéfier » le christianisme catholique contemporain, l’Eglise ne sera plus avant tout annonçante, confessante, missionnaire en plénitude, mais sera seulement consensuelle, conversante ou dialoguante, vers ce qui est éloigné et vers ceux qui sont éloignés de la foi surnaturelle et de la loi naturelle. L’Eglise ne sera plus avant tout debout, mais sera seulement assise, a-s-s-i-s-e.

      F. D’aucuns veulent nous faire boire un breuvage religieux dont la couleur est celle de l’arc-en-ciel, une boisson qui ne sera ni trop salée, ni trop sucrée, et qui sera compatible avec la température ambiante, dans l’espoir d’être satisfaisante pour le plus grand nombre possible.

      Le catholicisme post-moderne risque fort d’être une religion liquide, une religion « tiède pour les tièdes », au minimum dans la sphère de la foi.

      Pour ainsi dire, en cette année 2017, Fatima, c’est l’antidote à la religion liquide, et la religion liquide, c’est l’antithèse de Fatima.

      Bonne journée.

      A Z

      • Fort belle réflexion merci . L’essentiel pour les « soutaniers » néo conciliaires étant de ne se fâcher avec aucun des protagonistes de la post modernité , coller le plus possible au monde dans ses errements afin de paraître en phase avec lui ….Quelle infini tristesse le Christ lui fut un vrai rebelle n’hésitant a recadrer sévèrement contemporains ! In communio orandi ;

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