L’argent est important mais l’Eglise n’en a pas besoin

Antonio Margheriti

Antonio Margheriti

Je suis peut-être un puri­tain mais cer­tai­ne­ment pas un mora­li­ste, je suis l’archétype du puri­tain catho­li­que, rien à voir avec la ver­sion pro­te­stan­te : je m’applique cet­te rigueur intran­si­gean­te à moi-même (si bien que sou­vent, le pro­blè­me n’est que Dieu me par­don­ne ou pas mais bien que je me par­don­ne à moi-même) et jamais aux autres. Et pour­tant je ne suis même pas un sen­ti­men­tal.  Je suis un pas­sion­né, cer­tes, mais je ne me lais­se pas empor­ter par des sen­ti­men­ts faci­les.  Voilà pour­quoi l’argent ne me dégoû­te pas, je ne le con­dam­ne pas et j’ai même une cer­tai­ne admi­ra­tion pour les riches quand ils sont pro­di­gues de leurs riches­ses et qu’ils les uti­li­sent pour fai­re de gran­des cho­ses pour­vu qu’ils ne tom­bent pas dans l’avarice.  Quand ils ouvrent les por­tes de leurs pro­prié­tés, ils agis­sent dans le mon­de, ils ne font pas qu’accumuler, ils con­tri­buent par leur argent à con­strui­re la civi­li­sa­tion.  Ceux-là sont bénis de Dieu et je les admi­re.  Aucun pro­blè­me avec l’argent donc.

L’argent est impor­tant mais l’Eglise n’en a pas besoin

Je ne suis pas un grand admi­ra­teurs des leféb­vri­stes, bien au con­trai­re, on peut même dire que je fais par­tie de leurs détrac­teurs mais ceux qui ont con­nu cet hom­me sava­ient qu’il éma­nait de lui une espè­ce de bon­té au doux par­fum d’innocence. Il faut savoir que par­fois, il fal­lait plu­sieurs mil­lions pour répa­rer un toit ou une égli­se et que Monseigneur Lefebvre n’avait jamais un sou vail­lant.  Pourtant, cela ne l’inquiétait pas le moins du mon­de : « vous ver­rez qu’en der­niè­re minu­te, la Providence nous aide­ra » disait-il tou­jours.  Et de fait, quand venait le moment de payer, un dona­teur sor­ti de nul­le part ne man­quait jamais de se mani­fe­ster.

Voilà pour­quoi je n’ai jamais trop par­ta­gé cet­te con­vic­tion clé­ri­ca­le qu’il fau­drait beau­coup d’argent. Ma lon­gue expé­rien­ce dans les sacri­sties m’a mon­tré qu’il y a tou­jours trop d’argent qui arri­ve et qu’on le gaspil­le : les prê­tres dila­pi­dent l’argent non pas par méchan­ce­té mais par­ce que ce n’est pas leur cha­ri­sme, ils ne savent tout sim­ple­ment pas com­ment gérer l’argent.

Je ne vois pas cet urgen­ce de l’argent, je n’arrive pas à com­pren­dre cet­te obses­sion clé­ri­ca­le pour l’argent : l’église alle­man­de est la deu­xiè­me plus gran­de entre­pri­se du pays, elle est d’une effi­ca­ci­té bureau­cra­ti­que redou­ta­ble et pour­tant c’est l’Eglise la plus pau­vre du mon­de en ce qui con­cer­ne la foi… et nous le con­sta­tons aujourd’hui qu’ils gou­ver­nent Rome à tra­vers celui qu’ils ont élu.

C’est la rai­son pour laquel­le je ne vois pas l’intérêt de payer le denier du cul­te. Je pour­rais me con­vain­cre de payer pour ne pas que mes sous ail­lent à l’Etat mais me dire « je suis catho­li­que donc je don­ne à l’Eglise », non.  Parce que ça ne sert à rien, à tout le moins tant qu’il y a la foi.  L’argent n’est néces­sai­re que lor­sque l’on a per­du la foi.  J’ai vu des grands sain­ts sanc­ti­fier des popu­la­tions entiè­res alors qu’eux-mêmes viva­ient dans la misè­re.

A ce pro­pos, j’aime à rap­pe­ler ce que disait Carlo Carretto : « Il y a les bla­sphè­mes vul­gai­res pro­non­cés en rue par les hom­mes impies et il y a les bla­sphè­mes pro­non­cés par les chré­tiens super­fi­ciels dans lieux sacrés. En voi­ci un : « l’apostolat est impos­si­ble sans argent ».  Faire de l’apostolat signi­fie pour­sui­vre l’œuvre de Jésus et répon­dre à son invi­ta­tion pres­san­te. (…)  Quelle action Jésus a‑t-il donc accom­plie qui soit irréa­li­sa­ble sans argent ?  Prier peut-être ?  Ou alors souf­frir ?  Aimer ?  Parler ?  Guérir ?  Ou bien mou­rir ? »

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