L’Eglise belge doit repartir de zéro

La Belgique n’est plus qu’un pays radicalement déchristianisé qui a pris la route de l’antichristianisme le plus hystérique, à commencer par ce qui se passe à l’intérieur de ces bâtisses qui ne contiennent que du vide et qui n’ont plus d’église que le nom. La Belgique n’a plus d’Eglise : elle a toujours davantage de musulmans, d’athées, d’anticléricaux, d’indifférents mais quasiment plus de chrétiens. En revanche, le chrétien en Belgique qui souffre de la perte du christianisme mais qui refuse de se résigner est un signe d’espérance pour l’avenir.
Une lettre ouverte de l’écrivain romain Antonio Margheriti.

La grand-mère et le théologien

Le christianisme est et doit rester une chose simple. Il doit d’abord consister en un témoignage personnel dans lequel on se met en jeu, on prend des risques. Le catéchisme me suffit, un peu comme ces bonbons que ma grand-mère m’offrait de temps en temps: des petites dragées savoureuses, artisanales, préparées selon une recette ancestrale dont je n’ai jamais oublié la saveur. Je ne l’ai jamais oubliée parce que j’ai vu, et si j’ai cru, c’est parce que j’ai vu la foi de ma grand-mère, une foi rudimentaire mais qui contenait l’essentiel de ce qui sert au croyant. J’ai surtout vu la cohérence entre ces dragées de doctrine qu’elle m’offrait et sa propre vie: j’ai vu la sérénité et la force qui s’en dégageait.

La véritable histoire des moines en Occident

Tout le monde prétend que les moines auraient sauvé les livres classiques par amour de la culture. En réalité il n’avaient absolument aucun intérêt ni pour la culture ni pour les classiques de l’antiquité. C’étaient des gens qui c’étaient retirés derrière leurs murs pour attendre la fin du monde qu’ils croyaient imminente. S’ils ont bel et bien créé les scriptoriums dans lesquels les copistes ont effectivement réalisé un travail inestimable, c’était pour des raisons plutôt pratiques que culturelles. Un entretien-fleuve sans tabou avec le célèbre écrivain catholique Vittorio Messori sur ce que fut réellement le monachisme occidental au-delà des idées reçues.

Ne pas avoir peur, voilà notre foi!

Quelle est donc notre foi ? Croire à l’existence de Dieu ? Bien sûr, nous savons que Dieu existe mais Satan lui-même le sait et il y croit : ça ne change pas grand-chose pour lui, il reste ce qu’il est. Non, la foi c’est ces paroles de Jésus « n’ayez pas peur ». C’est cela la foi, ne pas avoir peur. La foi c’est la défaite de la peur, tout spécialement dans l’adversité parce que le Seigneur est avoir toi, sur la même barque et si lui est avec toi, qui peut se dresser contre toi ? Il ne lui a suffi que d’un seul geste ce jour-là pour calmer les flots déchaînés.

L’avenir de l’Eglise sera noir et métissé

C’est aujourd’hui certain: l’Occident européen est spirituellement mort, il a abandonné son âme aux ténèbres et nous vivons aujourd’hui comme des asticots dans sa carcasse en décomposition, respirant ses émanations délétères. Stop. Ici le diable n’est plus nécessaire: nous sommes désormais autosuffisants… et plus très dignes d’intérêt pour lui. En effet le démon n’aime pas les proies faciles et s’en désintéresse vite. Histoire terminée. Même notre passé a disparu, il ne nous reste plus rien.

Qu’elle est belle, la messe du matin !

Qu’elle est douce et belle, qu’elle est accueillante la maison du Père au matin, un peu comme celle d’un ami. Je suis un hôte inattendu parmi les quelques habitués de la liturgie du matin et j’ai bien senti la surprise de Jésus-lui-même qui n’a pas manqué de me surprendre à son tour : « je t’ai attendu chaque matin ». Comme il me semble doux et familier ce grand Crucifix à côté de moi, presque vivant comme, s’il allait d’un moment à l’autre se tourner vers moi pour me rendre mon regard.

Agonie

Je repense à toi, homme des douleurs, toi qui avais déjà parcouru 30 longues années d’un interminable chemin de croix, quittant cette vie peu à peu. Tu étais allongé dans la pénombre de ta chambre, les toxines hépatiques s’étaient réveillées de leur long sommeil : elles te gonflaient, te jaunissent et te tuaient. Et tout à coup, tu as demandé « mais est-ce que par hasard je ne serais pas en train de mourir ? ». Une question qui pouvait blesser à mort les personnes qui t’aimaient parce que ça tue de devoir mentir par amour. Mais ce n’était plus nécessaire.

L’argent est important mais l’Eglise n’en a pas besoin

Je n’arrive pas à comprendre cette obsession cléricale pour l’argent : l’église allemande est la deuxième plus grande entreprise du pays, elle est d’une efficacité bureaucratique redoutable et pourtant c’est l’Eglise la plus pauvre du monde en ce qui concerne la foi… C’est la raison pour laquelle je ne vois pas l’intérêt de payer le denier du culte. Je pourrais me convaincre de payer pour ne pas que mes sous aillent à l’Etat mais me dire « je suis catholique donc je donne à l’Eglise », non. Parce que ça ne sert à rien, à tout le moins tant qu’il y a la foi. L’argent n’est nécessaire que lorsque l’on a perdu la foi. J’ai vu des grands saints sanctifier des populations entières alors qu’eux-mêmes vivaient dans la misère.

La multiplication des euros à la messe

Aujourd’hui je suis allé à la messe avec cinq euros en poche. Le restaurant japonais de la veille m’avait rappelé une tradition de mon enfance et des années 1980 en Italie lorsqu’il était d’usage de recevoir ses invités avec une petite goutte, bien avant que les moralistes et autres bien-pensants hygiénistes ne s’en mêlent. C’était l’âge d’or de la légendaire liqueur Strega et je m’étais mis en tête d’en acheter une bouteille au supermarché du coin. Sauf qu’en découvrant qu’elle était affichée au prix exorbitant de 11,90 €, je me suis dit que j’allais plutôt acheter quelque chose pour dîner et j’en ai profité pour prendre un paquet de dix cigarettes au passage. Conclusion, je suis arrivé à la messe avec à peu près 2,70 € en poche.

Dialogue pascal

Au cours de la messe, j’ai laissé flotter mes pensées sous les voûtes méridionales du dix-huitième siècle soutenant l’édifice. Je me suis mis à regarder les gens autour de moi et aussi à regarder en moi. Voilà, me disais-je, la communauté chrétienne s’est réunie pour célébrer son plus grand mystère. Qui sait pourquoi, elle n’en a pas l’air ! Mais de quelle « communauté » parlons-nous ? Où est la communauté des chrétiens, comme on disait aux premiers temps de l’Eglise d’Antioche, où est-elle cette communauté des « sauvés », des « ressuscités » ? D’ici, je constate que la routine s’est au fil du temps changée en surdité ; que l’assuétude s’est muée en insensibilité ; que les yeux usés par l’habitude sont devenus aveugles, qu’on a fini par tout prendre pour acquis jusqu’à tomber dans le scepticisme et la lassitude.