Les chorales doivent écouter les prêtres

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Mgr Guido Marini, céré­mo­niai­re du Pape

Quand un chef de chœur et un prê­tre ont des opi­nions dif­fé­ren­tes con­cer­nant la musi­que litur­gi­que, la cho­ra­le devrait en tou­te bon­ne foi sui­vre les sou­hai­ts du prê­tre au nom de l’unité, a décla­ré le céré­mo­niai­re du Pape

« Nous ne devrions jamais nous dispu­ter au sujet d’u­ne célé­bra­tion litur­gi­que » a décla­ré Mgr Guido Marini aux cho­ri­stes, aux chefs de chœur et aux prê­tres. « Sinon, nous tra­his­sons la natu­re même de ce que le peu­ple de Dieu devrait fai­re pen­dant la mes­se, c’est-à-dire for­mer un seul corps devant le Seigneur ».

Le maî­tre des céré­mo­nies papa­les a fait ces décla­ra­tions le 21 octo­bre au cours d’une con­fé­ren­ce d’ouverture d’une ses­sion de trois jour­nées de jubi­lé de cho­ra­les. Des cen­tai­nes de per­son­nes impli­quées dans la musi­que litur­gi­que pro­ve­nant de plu­sieurs dio­cè­ses et parois­ses ita­lien­nes com­me des chan­tres, des orga­ni­stes et des musi­ciens y par­ti­ci­pa­ient ain­si que des direc­teurs d’instituts litur­gi­ques dio­cé­sains et d’écoles de musi­que sacrée.

Au cours d’une brè­ve ses­sion de questions-réponses à l’issue de son discours sur le rôle de la cho­ra­le, une par­ti­ci­pan­te a deman­dé à Mgr Marini si elle pou­vait poser une que­stion « pra­ti­que et un peu gênan­te ».

« Bien sou­vent, dans notre parois­se, le prê­tre deman­de que la cho­ra­le chan­te des chan­ts qui ne sont pas appro­priés, aus­si bien au niveau du tex­te qu’au niveau de leur pla­ce pen­dant la mes­se. Dans cet­te situa­tion, est-ce que le chef de chœur doit fai­re ce qu’il dit tout en sachant qu’en fai­sant cela, la cho­ra­le ne sera plus au ser­vi­ce de la litur­gie mais bien du prê­tre ? », a‑t-elle deman­dé, sous les applau­dis­se­men­ts de l’assemblée.

A cet­te que­stion, Mgr Marini a esquis­sé un sou­ri­re, puis il a levé les yeux au ciel et s’est grat­té le men­ton, mon­trant par là qu’il était bien con­scient qu’il s’agissait d’une que­stion déli­ca­te. Il a com­men­cé par décla­rer qu’il se sen­tait « pris entre deux feux, entre les cho­ra­les et les prê­tres ».

Reconnaissant la dif­fi­cul­té d’une tel­le situa­tion, il affir­ma cepen­dant qu’il choi­si­rait pour­tant le camp du prê­tre.

« Il y peut par­fois arri­ver que le prê­tre ne don­ne pas des direc­ti­ves entiè­re­ment cor­rec­tes et il se peut que des chefs de chœur aura­ient pu fai­re mieux. Mais dans tous les cas, il faut avant tout évi­ter le con­flit et tou­jours cher­cher à pré­ser­ver l’humilité et la com­mu­nion », a‑t-il décla­ré.

Comme dans tou­tes les diver­gen­ces d’opinion, il a recom­man­dé que les deux par­ties fas­sent pre­u­ve de patien­ce et se met­tent d’abord autour d’une table pour discu­ter des rai­sons der­riè­re leurs posi­tions.

Mais si la discus­sion ne débou­che pas sur une un con­sen­sus, alors « peut-être vaut-il mieux mor­dre sur sa chi­que et atten­dre un moment plus favo­ra­ble plu­tôt que de cau­ser des divi­sions et des con­fli­ts qui ne fera­ient aucun bien », ajouta-t-il sous une sal­ve d’applaudissements.

Le che­min de la com­mu­nion et de l’unité en parois­se exi­ge bien sou­vent « beau­coup de bon­ne volon­té, de cor­dia­li­té et bien sou­vent aus­si la capa­ci­té de pou­voir sacri­fier quel­que cho­se de soi-même », a affir­mé Mgr Marini.  Comme le grain de blé, « sou­vent il faut que quel­que cho­se meu­re en nous » tout en sachant que cela por­te­ra du fruit.

Mgr Marini répon­dait aux que­stions de l’assemblée au ter­me d’une con­fé­ren­ce de 50 minu­tes saluée par des applau­dis­se­men­ts nour­ris.

Lors de cet­te inter­ven­tion inti­tu­lée « Le Rôle des Chorales dans les Célébrations Liturgiques », le pré­lat a mis en évi­den­ce cinq élé­men­ts fon­da­men­taux de la litur­gie et la maniè­re dont les cho­ra­les deva­ient ser­vir cha­cun de ces aspec­ts.

La litur­gie est l’œuvre du Christ et elle doit expri­mer sa pré­sen­ce vivan­te, a‑t-il décla­ré. Les cho­ri­stes doi­vent donc être des hom­mes et des fem­mes qui gar­dent le Christ pré­sent dans leurs cœurs.

Bien qu’il fail­le soi­gner les aspec­ts tech­ni­ques et arti­sti­ques liés à l’exécution de la musi­que litur­gi­que, il faut éga­le­ment pren­dre soin du cœur des chan­teurs pui­sque ce sont des hom­mes et des fem­mes de foi qui res­sen­tent un « amour brû­lant pour le Christ » et trou­vent en lui un sens à leur vie, a‑t-il pour­sui­vi.

La litur­gie doit aus­si évo­quer l’universalité de l’Eglise au sein de laquel­le il y a une union har­mo­nieu­se de diver­si­té et de con­ti­nui­té entre la tra­di­tion et la nou­veau­té. Cela veut dire que la cho­ra­le ne doit jamais se trou­ver devant face à l’assemblée ou au don­ner l’impression d’être sépa­rée des fidè­les par­ce qu’elle fait par­tie inté­gran­te de l’assemblée.

Le Pape François a insi­sté pour que la musi­que litur­gi­que des célé­bra­tions papa­les « ne se pro­lon­ge jamais au-delà du rite » et qu’elle n’oblige pas les célé­bran­ts ou l’assemblée à atten­dre la fin d’un chant avant pour pour­sui­vre la mes­se, a‑t-il dit. « Le chant doit s’intégrer dans le rite », il est au ser­vi­ce de la céré­mo­nie et pas de lui-même.

Il a éga­le­ment deman­dé que les cho­ra­les œuvrent à ce que la litur­gie puis­se ras­sem­bler tous les fidè­les afin qu’ils puis­sent davan­ta­ge se con­for­mer à Dieu et à sa volon­té.

Le but de la mes­se, c’est de dépas­ser les distinc­tions indi­vi­duel­les de sor­te que « ce n’est plus moi qui vit mais le Christ qui vit en moi », a‑t-il dit. Cela signi­fie que la cho­ra­le doit aider cha­que mem­bre de l’assemblée à deve­nir un par­ti­ci­pant actif pen­dant les chan­ts, y com­pris en éveil­lant ses sen­ti­men­ts émo­tion­nels ou spi­ri­tuels.

Les cho­ra­les doi­vent aider la litur­gie à invi­ter la créa­tion tou­te entiè­re à éle­ver les yeux vers le Seigneur, a‑t-il dit. Les par­ti­ci­pan­ts devra­ient se sen­tir trans­por­tés et déta­chés des mon­da­ni­tés de leur vie ordi­nai­re, non pas pour s’en échap­per mais pour y retour­ner renou­ve­lés après la Messe.

Si le chant n’est pas un « pont vers l’éternité » alors il n’accomplit pas sa fonc­tion. Les chan­ts ne devra­ient pas être pro­fa­nes ni indi­gnes mais au con­trai­re, devra­ient en quel­que sor­te res­sem­bler au « chant des anges ».

Enfin, a‑t-il con­clu, tout com­me l’Eglise et la litur­gie, les cho­ra­les devra­ient être mis­sion­nai­res et atti­rer à elles en révé­lant la beau­té de Dieu, ses mer­veil­les et son infi­nie bon­té.

Traduit d’un arti­cle ori­gi­nal en anglais publié sur Catholic News Service

 

 

 

 

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