Note “Gestis verbisque” sur la validité des sacrements

Si dans d’au­tres domai­nes de l’ac­tion pasto­ra­le de l’Église il y a une lar­ge pla­ce pour la créa­ti­vi­té, une tel­le inven­ti­vi­té dans le domai­ne de de la célé­bra­tion des sacre­men­ts se tran­sfor­me plu­tôt en une « volon­té mani­pu­la­tri­ce » et on ne peut donc s’en pré­va­loir. Modifier, donc, la for­me d’un sacre­ment ou sa matiè­re con­sti­tue tou­jours un acte gra­ve­ment illi­ci­te et méri­te une sanc­tion exem­plai­re, pré­ci­sé­ment par­ce que de tels gestes arbi­trai­res sont suscep­ti­bles de cau­ser un sérieux dom­ma­ge au Peuple fidè­le de Dieu.

Fiducia supplicans est-il catholique ?

Ce tex­te, en véri­té, justi­fie la béné­dic­tion des cou­ples homo­se­xuels, en tant que tels. Il justi­fie aus­si cel­le des « cou­ples en situa­tion irré­gu­liè­re » (Présentation, § 4), ce qui inclut en par­ti­cu­lier le cas des divor­cés rema­riés. La béné­dic­tion qui con­cer­ne ces der­niers cou­ples n’est pas moins pro­blé­ma­ti­que que cel­le qui con­cer­ne les cou­ples homo­se­xuels ; elle est même, à tout pren­dre, plus pro­blé­ma­ti­que enco­re. Abstraction fai­te de l’incidence de ces béné­dic­tions sur la doc­tri­ne catho­li­que, la béné­dic­tion de cou­ples homo­se­xuels ne con­cer­ne direc­te­ment que deux per­son­nes et leur rap­port à l’Église. En revan­che, la béné­dic­tion des cou­ples de divor­cés rema­riés con­cer­ne néces­sai­re­ment, outre ces cou­ples, les per­son­nes à l’égard desquel­les le ou les divor­ces ont été pro­non­cés. Pour l’époux qui a éven­tuel­le­ment subi con­tre son gré ce divor­ce, la béné­dic­tion du cou­ple refor­mé avec un tiers par le con­joint qui a man­qué à sa pro­mes­se de fidé­li­té con­sti­tue une inju­re gra­ve et la recon­nais­san­ce offi­ciel­le par l’Église d’une situa­tion con­trai­re au droit natu­rel.

Prêtres africains : quand l’Église belge prend aux pauvres pour donner aux riches

Aujourd’hui, les prê­tres “venus d’ail­leurs” sont lar­ge­ment majo­ri­tai­res dans le dio­cè­se de Namur et repré­sen­tent pra­ti­que­ment 2/3 du cler­gé en parois­se. Certains doyen­nés n’ont plus que des prê­tres afri­cains. Solution tou­te trou­vée dans les années 1990 pour pal­lier le man­que de prê­tres, cet­te situa­tion pose pour­tant que­stion. Voici la let­tre d’un jeu­ne curé de parois­se bel­ge à une parois­sien­ne inquiè­te par le retour au pays de “son” prê­tre afri­cain :
“En main­te­nant arti­fi­ciel­le­ment des com­mu­nau­tés à coups de “prê­tres venus d’ail­leurs” qui n’ont abso­lu­ment pas été for­més et accom­pa­gnés pour la réa­li­té bel­ge et qui, dès lors, sont para­ly­sés dans leur apo­sto­lat, nous ne per­met­tons pas à ces com­mu­nau­tés qui se sera­ient ras­sem­blées natu­rel­le­ment de se for­mer et donc d’ê­tre mis­sion­nai­res. Comment com­pren­dre que ces prê­tres, qui, au pays, célè­brent devant des cen­tai­nes, voi­re des mil­liers de per­son­nes, vien­nent chez nous pour des mes­ses de 10, 15, 30 per­son­nes ? Comment accep­ter, même une secon­de, d’a­ban­don­ner ces “mil­liers de fidè­les” pour quel­ques pri­vi­lé­giés qui ont des voi­tu­res, des pro­ches, une riches­se ini­ma­gi­na­ble pour la plu­part des fidè­les d’Afrique… C’est tout sim­ple­ment scan­da­leux… Et nous payons cher ce scan­da­le, car nous volons aux plus peti­ts.”

Motu proprio Traditionis custodes du Saint-Père François (traduction française)

Ce 16 juil­let 2021, le Pape François a publié un Motu Proprio qui restreint for­te­ment la célé­bra­tion de la for­me extraor­di­nai­re du rite romain, éga­le­ment appe­lée “mes­se de saint Pie V” ou mes­se tri­den­ti­ne, et révo­que le motu pro­prio Summorum Pontificum de son pré­dé­ces­seur Benoît XVI qui auto­ri­sait la célé­bra­tion de deux for­mes du rite romain. Concrètement, les mes­ses sui­vant l’an­cien rite ne seront plus dites dans les égli­ses parois­sia­les. Il revien­dra à l’évêque de déter­mi­ner l’é­gli­se et les jours des célé­bra­tions. Les lec­tu­res seront «en lan­gue ver­na­cu­lai­re», selon les tra­duc­tions approu­vées par les con­fé­ren­ces épi­sco­pa­les. Le célé­brant doit être un prê­tre délé­gué par l’é­vê­que.

Les prê­tres ordon­nés après la publi­ca­tion du Motu pro­prio d’au­jour­d’­hui, et qui ont l’in­ten­tion de célé­brer selon le mis­sel pré­con­ci­liai­re, «doi­vent adres­ser une deman­de for­mel­le à l’é­vê­que dio­cé­sain qui con­sul­te­ra le Siège Apostolique avant de don­ner son auto­ri­sa­tion». Quant à ceux qui le font déjà, ils doi­vent deman­der à l’é­vê­que dio­cé­sain la per­mis­sion de con­ti­nuer.

En résu­mé, les com­mu­nau­tés célé­brant déjà selon cet­te for­me devront deman­der une auto­ri­sa­tion pour con­ti­nuer à le fai­re et la créa­tion de nou­veaux grou­pes est désor­mais inter­di­te.

Les paroisses ferment, mais pas à cause du manque de prêtres

La fau­te au man­que de prê­tres ? Pas si vite. Et si on retour­nait à la raci­ne du pro­blè­me ? Pourquoi y a ‑t-il de moins en moins de prê­tres ? Cette que­stion est capi­ta­le, c’est même la que­stion du siè­cle par­ce que de la répon­se dépend en gran­de par­tie l’avenir de l’Église qui se rap­pro­che furieu­se­ment de cet­te inter­ro­ga­tion, tout aus­si capi­ta­le, que Jésus a fait à ses disci­ples avant de mon­ter au Ciel : « Le Fils de l’hom­me, quand il vien­dra, trouvera-t-il la foi sur la ter­re ? ». On est en droit de se le deman­der, au vu des der­niè­res chif­fres des voca­tions.

Dieu dans l’Église en crise: un remède contre la dictature des bons sentiments

« Dieu est Dieu, loin des repré­sen­ta­tions sen­ti­men­ta­li­stes et com­pas­sion­nel­les qui Le défi­gu­rent actuel­le­ment.  La sor­tie de cri­se pour l’Église pas­se­ra par le retour à la trans­cen­dan­ce et au mystè­re,  par le renon­ce­ment à la déma­go­gie pour la théo­lo­gie! »

C’est la gran­de idée du P. Augustin Pic, doc­teur en théo­lo­gie, domi­ni­cain et pro­fes­seur à l’université d’Angers dans cet ouvra­ge ori­gi­nal, ardu mais sti­mu­lant, qui vient de sor­tir aux édi­tions du Cerf.

À l’occasion de la sor­tie de pres­se de son livre, l’auteur a accep­té de répon­dre aux que­stions de notre rédac­tion.

Peut-on digitaliser les sacrements sans rendre infranchissable la distance entre l’homme et son Dieu ?

Bénir des rameaux par inter­net, par­ti­ci­per à une mes­se télé­vi­sée été enre­gi­strée la veil­le, con­fes­ser les mala­des par télé­pho­ne, voi­là quel­ques ini­tia­ti­ves sou­vent bien accueil­lies par les fidè­les qui pour une rai­son ou l’autre sont empê­chés de se dépla­cer ain­si que par les prê­tres qui peu­vent désor­mais exer­cer une par­tie de leur mini­stè­re en télé­tra­vail depuis leur salon.

L’Église n’échappera pas à ce mou­ve­ment de digi­ta­li­sa­tion qui bou­le­ver­se notre socié­té qui ne sera pas sans con­sé­quen­ce sur la maniè­re dont nous con­ce­vons la litur­gie et les sacre­men­ts.

La cri­se du coro­na­vi­rus a joué un rôle d’accélérateur dans ce pro­ces­sus qui s’impose avec for­ce à tou­te l’Église. Dans cet arti­cle, Olivier Collard sou­lè­ve quel­ques que­stions brû­lan­tes pour ouvrir ce débat qui ne peut atten­dre.

Comment abor­der ce défi au niveau litur­gi­que, dog­ma­ti­que et pasto­ral ? Comment annon­cer aujour­d’­hui la paro­le du Christ sans ren­dre infran­chis­sa­ble la distan­ce entre l’hom­me et son Dieu ?

La liturgie et l’Église se tiennent mutuellement ou chutent ensemble

Beaucoup de fidè­les pen­sent peut être que la litur­gie est aujour­d’­hui un sujet secon­dai­re : ce n’est pas quand la mai­son est en feu qu’on doit s’interroger sur la façon de dispo­ser et net­toyer le mobi­lier ; il faut d’abord… sau­ver les meu­bles ! La « bel­le et bon­ne litur­gie » n’est-elle pas un luxe, quel­que cho­se dont on pour­rait s’occuper une fois le vrai tra­vail accom­pli ? Qui, aujourd’hui, peut pen­ser que le soin de la litur­gie est une prio­ri­té alors qu’il y a tant d’autres cho­ses pres­san­tes à fai­re dans une chan­cel­le­rie épi­sco­pa­le, dans une parois­se ou dans un sémi­nai­re ?

Joseph Ratzinger a un point de vue radi­ca­le­ment dif­fé­rent. Il y a quel­ques années, il notait : « La cau­se la plus pro­fon­de de la cri­se qui a bou­le­ver­sé l’Eglise rési­de dans l’obscurcissement de la prio­ri­té de Dieu dans la litur­gie. » Et il expli­quait : « L’existence de l’Eglise dépend de la célé­bra­tion cor­rec­te de la litur­gie ; l’Eglise est en dan­ger lor­sque la pri­mau­té de Dieu n’apparaît plus dans la litur­gie ni, par con­sé­quent, dans la vie. ».
Un arti­cle du P. Daniel Cardo, doc­teur en théo­lo­gie et pro­fes­seur de litur­gie.

Voici la nouvelle traduction du missel romain

« Consubstantiel au Père », « nous avons reçu de ta bon­té le pain que nous te pré­sen­tons », « Priez, frè­res et sœurs : que mon sacri­fi­ce, et le vôtre, soit agréa­ble à Dieu le Père tout-puissant », « Que le Seigneur reçoi­ve de vos mains ce sacri­fi­ce à la louan­ge et à la gloi­re de son nom, pour notre bien et celui de tou­te l’Église. »

Ce sont là quelques-uns des nom­breux chan­ge­men­ts intro­dui­ts par la tra­duc­tion du Missel romain tout récem­ment approu­vée.

Dès l’Avent 2020, cet­te nou­vel­le tra­duc­tion des tex­tes de la mes­se entre­ra en vigueur. 

Les édi­tions Mame vien­nent de publier un petit ouvra­ge qui reprend et expli­que les prin­ci­paux chan­ge­men­ts pour le prê­tre et pour les fidè­les.  En voi­ci un résu­mé en pri­meur sur Diakonos.be.