Il aura fallu tout rendre compréhensible pour qu’on n’y comprenne plus rien

De la mes­se au caté­chi­sme

mastino4Je réflé­chis­sais, tout en par­lant à un ami prê­tre, au fait que « nous n’avons jamais eu des fidè­les « aus­si igno­ran­ts» que depuis que tout dans la mes­se est deve­nu « com­pré­hen­si­ble » et même la pasto­ra­le « adul­te » fri­se l’infantilisme.

Il aura fal­lu atten­dre que la mes­se soit dite dans notre lan­gue pour que nous n’y com­pre­nions plus rien. Il aura fal­lu atten­dre « la par­ti­ci­pa­tion » pour deve­nir men­ta­le­ment pas­sifs mal­gré notre hype­rac­ti­vi­té phy­si­que.  Nous en som­mes arri­vés au point que la Présence réel­le sur l’autel en est rédui­te à une sim­ple abstrac­tion : sou­vent les fidè­les n’en sont plus con­scien­ts et le cler­gé, de son côté, ne mani­fe­ste que de l’indifférence, quand ce n’est pas du scep­ti­ci­sme.  Tous sont cepen­dant una­ni­mes sur le fait qu’il ne s’agisse que d’un sym­bo­le.

Pourtant, nos grand-mères n’étaient pas ain­si. Nos grand-mères ne sava­ient sou­vent ni lire ni écri­re, elles ne con­nais­sa­ient ni le latin ni même l’italien et pour­tant elles com­pre­na­ient et con­nais­sa­ient non pas tout ce qu’il y avait à savoir mais l’Essentiel.

 

Un tableau de Giovanni Gasparo, peintre italien contemporain

Un tableau de Giovanni Gasparo, pein­tre ita­lien con­tem­po­rain

Vous voyez, ma grand-mère est née dans le Sud pro­fond de l’Italie en 1909, dans un vil­la­ge rava­gé par la misè­re où le taux d’analphabétisme attei­gnait les 99%. Les gens ava­ient faim.  Elle était déjà vieil­le quand je suis venu au mon­de.

Quelques jours avant ma con­fir­ma­tion (et il en alla de même pour ma pre­miè­re com­mu­nion), elle m’appela et, tout com­me elle l’avait fait avec ses pro­pres enfan­ts, me fixa avec un regard rem­plie d’une iro­nie bien­veil­lan­te mais sérieu­se et plei­ne de fier­té et elle m’expliqua ce que j’allais fai­re, en quel­ques mots : « Maintenant, tu vas deve­nir un chré­tien accom­pli ».

D’un seul coup, je com­pris tout et je restai pétri­fié en me ren­dant comp­te qu’après tant d’années de caté­chi­sme, j’étais arri­vé à la veil­le de ma con­fir­ma­tion sans savoir exac­te­ment ce que je fai­sais, ce que tout cela signi­fiait. Parce que per­son­ne n’avait été capa­ble de me le tran­smet­tre.

Ma grand-mère, en revan­che, qui n’avait aucu­ne cul­tu­re et qui avait appris tout ce qu’elle savait de sa pro­pre grand-mère, « a dot­tri­na » com­me on appe­lait le caté­chi­sme d’autrefois. Elle me tran­smet­tait ce qu’on lui avait tran­smis.  Je ne l’ai jamais oublié.

N’avait-il pas rai­son, ce car­di­nal de Munich qui suc­cé­da à Ratzinger quand il disait que le dra­me de l’Eglise, c’était la dispa­ri­tion « des grand-mères » qui tran­smet­ta­ient à leurs petits-enfants ce qu’elles-mêmes ava­ient reçu ?

Un arti­cle d’Antonio Margheriti publié sur sa page Facebook et tra­duit de l’i­ta­lien avec son auto­ri­sa­tion.

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