Le 13 juillet dernier s’est tenu à Bergame une conférence sur le thème des scandales à répétition qui affligent actuellement l’Église catholique. L’un des intervenants n’était autre que le vaticaniste Marco Tosatti, ancien journaliste au quotidien La Stampa et auteur de plusieurs livres sur l’Église dont le dernier, « Viganò e il Papa », est sorti de presse récemment. Il aborde sans tabou et avec lucidité un sujet qui dérange : l’étendue de l’homosexualité au Vatican et la question de l’existence présumée de réseaux d’influence. Nous reproduisons ici avec son autorisation la transcription française de son exposé.
L’Église catholique traverse une crise profonde. Les abus sexuels en forment une partie dramatique et visible mais cette crise comprend d’autres aspects qu’il est très intéressant d’examiner les uns après les autres.
Il y a toujours eu des abus sexuels et il y en aura toujours.
Mais attention : nous voici déjà face au premier problème et au premier piège.
Si vous lisez les titres des journaux, et mêmes les documents de l’Église, on parle de pédophilie ou d’abus sur mineurs.
Pourquoi parler de piège ? Parce que selon la thèse du professeur Davide Cito, un prêtre qui enseigne à l’Université pontificale de la Sainte-Croix et qui collabore avec la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, voici les choses se présentent :
Société civile : 90% des abus sur des enfants, souvent de l’autre sexe (famille, école, sport). 10% des abus sur des mineurs du même sexe.
Église : 90% des abus sur des mineurs du même sexe (garçons), en général âgés de 14 à 18 ans. 10% de cas de pédophilie à proprement parler.
Donc, la pédophilie n’a pas grand-chose à y voir.
Il semble évident – comme d’autres sources l’ont confirmé : le prof. Dariusz Oko, prêtre et professeur à l’Université de Carcovie et le cardinal Gerhard Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et d’autres encore – qu’il s’agit surtout d’un problème d’homosexualité dans le clergé.
Et même le rapport du John Jay College présente des chiffres qui vont dans le même sens : 80% des prêtres condamnés pour abus aux États-Unis étaient homosexuels. Curieusement, la rédactrice du rapport – naturellement effrayée par l’idée d’affirmer que le Roi est nu – affirme que l’homosexualité n’a rien à voir avec les abus. Extraordinaire, non ?
Rien de plus normal. Le politiquement correct refuse que cette vérité, pourtant évidente, ne soit dite.
Voilà pour ce qui concerne les grands moyens de communication de masse comme la télévision qui sont, sauf exception rare, des instruments inféodés à la pensée unique dominante.
Et en ce qui concerne l’Église ? On pourrait quand même s’attendre à ce que les choses soient substantiellement différentes. Eh bien ! détrompez-vous.
La crise des abus sexuels – dans sa phase médiatique actuelle – a commencé début 2018, avec le voyage au Chili du Pape régnant et les protestations contre la nomination à la tête du diocèse d’Osorno de Mgr Juan Barros, le fils spirituel de Fernando Karadima, un abuseur en série. À partir de ce moment et ensuite avec la crise de McCarrick, le témoignage de Mgr Viganò, les autres scandales à répétition aux États-Unis, en Allemagne, dans les pays du Bénélux et en Italie, le Pape régnant n’a jamais, pas même une fois, prononcé le mot « homosexualité » en lien avec les abus.
D’autres l’ont fait : Müller, Viganò, plusieurs évêques aux États-Unis, certains cardinaux (Burke, si j’ai bonne mémoire, et Brandmüller entre autres). Mais le Pape, jamais.
Par contre, Benoît XVI l’a fait. Quand, à l’automne 2018, on a annoncé un sommet de toutes les Conférences épiscopales mondiales qui devait se tenir à Rome en février 2019, Joseph Ratzinger a commencé à rédiger sa contribution sur le sujet. Celle-ci aurait pu (et aurait peut-être dû) être remise aux évêques participant au sommet. Celle-ci mentionnait explicitement parmi les causes de la crise le climat d’homosexualité qui régnait dans de nombreux séminaires. Il l’a transmise au Pape Bergoglio, via la Secrétairerie d’État, et les choses en sont restées là. Quelques mois plus tard, le document a été publié par un petit journal bavarois et repris dans le monde entier.
Mais de la part du pape régnant, pas un mot.
C’est même tout le contraire. Nous avons vu que la personne qui a été appelée à la manœuvre pour préparer le sommet, c’est le cardinal archevêque de Chicago, Blase Cupich, un homme du réseau de McCarrick, à l’instar de plusieurs autres nominations du Pape Bergoglio aux USA.
Le Pape régnant et les abus
À l’époque où il était l’archevêque de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio ne semble pas s’être distingué par une grande sensibilité envers le problème des abus. Bien au contraire. La mère d’un jeune garçon abusé par un prêtre – qui a d’ailleurs trouvé refuge dans un appartement de la Curie – n’a jamais réussi à le rencontrer, malgré ses demandes répétées, et elle en a témoigné avec amertume tout de suite après son élection.
Un prêtre condamné par le tribunal à plusieurs années de prison, le P. Grassi, a déclaré pendant l’audience que « Bergoglio ne m’a jamais lâché la main ». Mais il a fait bien plus. Quand il était président de la Conférence épiscopale, Mgr Bergoglio a fait préparer un épais mémoire en deux volumes à décharge du P. Grassi afin d’influencer le procès en appel qui s’est finalement conclu par la condamnation du prêtre abuseur. Une histoire plutôt embarrassante : à un point tel que dans une interview récente pour un documentaire français, le Pape a dit – en mentant – qu’il n’avait jamais rien fait de ce genre.
En outre, de nombreux survivants des abus perpétrés en Argentine lui ont écrit à plusieurs reprises sans jamais recevoir la moindre réponse.
L’an dernier, il a attaqué les victimes d’abus au Chili qui lui demandaient la démission de Mgr Barros et, mentant une nouvelle fois, il a prétendu n’avoir jamais reçu de demande de leur part pour le rencontrer. Bref, à première vue, la sensibilité du Pape envers ce genre de problème semble pour le moins limitée. Et cela nous incite à nous pencher sur qui étaient – et sont encore – ses amis, ceux qui ont préparé et appuyé son élection. J’invite les personnes intéressées qui souhaitent approfondir le sujet à consulter bishopsaccountability, un site spécialisé et très bien informé.
Les amis du Pape
Dans ce domaine, l’histoire est encore plus embarrassante. Faisons la liste des principaux cardinaux ayant joué un rôle important en sa faveur pendant les deux conclaves, celui de 2005 et celui de 2013, surtout ceux qui avaient déjà œuvré auparavant pour promouvoir sa candidature ; des personnes qui avaient de sérieux problèmes en rapport avec des affaires d’abus sexuels.
Danneels
Le cardinal belge Danneels, responsable d’avoir couvert un évêque qui avait abusé de son propre neveu, a déclaré avoir fait partie de la « mafia de Saint-Gall » qui a travaillé activement pour faire élire le Pape Bergoglio. Le cardinal Danneels est apparu aux côtés du Pape dans la Loggia de Saint-Pierre après l’élection. En outre, le Pape l’a invité à participer aux deux synodes sur la famille !
McCarrick
Aujourd’hui, Theodore McCarrick n’est plus cardinal, ni même prêtre. À la veille du sommet sur la protection des mineurs au Vatican, une procédure administrative a condamné McCarrick, qui a présenté au Pape un recours qui a été rejeté. Mais McCarrick était un homme puissant et influent. McCarrick a déclaré, tout comme le cardinal Danneels, au cours d’une conférence enregistrée à la Villanova University, avoir œuvré pour faire élire le Pape François. Ce dernier l’a récompensé en levant dans les faits les sanctions que Benoît XVI lui avait imposées et qu’un grand ami de McCarrick, le cardinal Wuerl, n’avait pas fait respecter, alors que c’était son devoir (c’est l’archevêque du lieu où le prélat réside qui en est responsable). Et ce n’est pas tout. Le pape Bergoglio a fait appel à McCarrick, en tant qu’expert des affaires américaines, comme conseiller personnel pour les nominations épiscopales et cardinalices. Et il l’a fait voyager en tant que son représentant officieux à Cuba, en Iran, en Chine, en Arménie et en Terre Sainte. Il est vrai qu’il l’a chassé du collège des cardinaux mais il ne l’a fait qu’après que la justice laïque l’ait accusé d’abus sur mineur. Les abus sur des séminaristes et sur de jeunes prêtres dont il était accusé depuis plusieurs années et qui étaient avérés n’étaient pas suffisants pour le Pape. Le Pape n’a d’ailleurs pas encore fourni de réponse – sauf en disant ne pas se souvenir – aux accusations personnelles de complicité portées par l’archevêque Viganò. Et entretemps, un livre rédigé par Frédéric Martel, un activiste homosexuel français qui a vécu au Vatican et qui a été aidé et conseillé par des personnes de l’entourage du Pape, affirme : « Quand le Pape a rejeté les accusations, son entourage m’a dit que François ‘avait été dès le départ informé par Viganò que le cardinal McCarrick avait eu des relations homosexuelles avec des séminaristes majeurs, ce qui à ses yeux n’était pas suffisant pour le condamner’ ».
Mahony
Ex-cardinal de Los Angeles, responsable d’avoir mal géré les abus et condamné à une vie de prière et retiré de toute vie publique. Mahony, qui est un progressiste, est aussi l’un des grands électeurs du cardinal Bergoglio. Ce dernier en a fait son représentant à une importante cérémonie à Scanton. Face à la réaction indignée des catholiques américains, Mahony n’y est finalement pas allé. Mais aujourd’hui, Mahony figure dans la liste des orateurs à un important colloque à Los Angeles. Et les protestations ont repris.
Murphy O’Connor
Archevêque et cardinal de Westminster. Décédé il y a quelques mois. Il faisait lui aussi partie de la mafia de Saint-Gall et a œuvré pour faire élire le Pape. Il a admis ses erreurs dans la gestion d’une affaire concernant un prêtre abuseur en série qui a finalement été condamné par la justice civile. Le Pape a imposé l’arrêt d’un procès à son encontre auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Ce procès avait été ouvert à la suite de la plainte d’une dame, victime reconnue d’un prêtre abuseur condamné à la prison par la justice britannique. Cette dame accusait Murphy O’Connor. Pendant des années, on a tout fait pour entraver cette plainte jusqu’à ce qu’elle finisse par arriver à Rome et que le Pape, usant de son autorité, ne bloque tout. Un acte publiquement critiqué par le cardinal Müller.
Errazuriz Ossa
Cardinal Chilien, c’est l’un des grands électeurs de Jorge Mario Bergoglio au Conclave. Jusqu’à il y a quelques mois, il faisait encore partie du C9, le groupe de cardinaux du monde entier créé par le Pape pour réfléchir à la réforme de la Curie et de l’Église. Une enquête de la magistrature chilienne a mis en lumière ses responsabilités pour avoir couvert des prêtres responsables d’abus.
Donald Wuerl
Archevêque de Washington il y a quelques mois encore, c’est l’un des hommes du groupe de McCarrick. Il était censé veiller à l’application des sanctions infligées au cardinal par le pape Benoît XVI mais il ne l’a pas fait. C’est l’un des hommes de confiance du Pape actuel. Il a été l’archevêque de Washington pendant trois ans après avoir passé la barre des 75 ans. Dans un rapport, le Grand Jury de Pennsylvanie l’a accusé d’avoir couvert McCarrick après les sanctions imposées par le pape Benoît. Une pétition lancée par des fidèles pour exiger sa démission a récolté des milliers de signatures et l’archevêque a fini par démissionner, même si le Pape s’est répandu en éloges à son égard dans sa lettre d’adieu. Ce qui n’a pas manqué d’aller jusqu’à susciter la critique du New York Times…
Maradiaga
C’est l’un des hommes les plus écoutés par le Pape. Avec McCarrick, il avait suggéré la nomination de Mgr Cupich à Chicago, contre l’avis de la Conférence épiscopale et du Nonce. Il y a quelques mois, il a été accusé de scandales financiers et entres autre d’avoir reçu 35.000 euros par mois de l’Université Catholique du Honduras. Mais un scandale beaucoup plus grave a frappé son diocèse. Le cardinal Maradiaga voyage beaucoup et il a toujours confié son diocèse à un évêque auxiliaire, Pineda Fasquelle. Or Mgr Pineda a été contraint de démissionner après que de nombreux séminaristes aient rédigé une lettre l’accusant d’agressions homosexuelles. Mais il semblerait qu’il fasse encore la pluie et le beau temps à Tegucigalpa, sous la protection du cardinal Maradiaga et aucune procédure ecclésiastique n’ait encore été ouverte contre lui. En parlant des accusations contre McCarrick, le cardinal Maradiaga a déclaré qu’il ne s’agissait que d’« affaires privées » et qu’il n’était pas juste de faire autant de scandale pour une « question administrative ». Rappelons que McCarrick a sexuellement abusé de séminaristes et de jeunes prêtres pendant des années.
Coccopalmerio
En Italie, le cardinal Coccopalmerio est l’un des hommes de confiance du Pape. Son secrétaire a été arrêté pendant une orgie homosexuelle dans un appartement du palais de la Congrégation pour la doctrine de la foi que le cardinal avait réussi à lui faire obtenir. Il semblerait que ce soit également le cardinal Coccopalmerio qui ait convaincu le Pape de réhabiliter un prêtre italien, le P. Inzoli, qui a ensuite été condamné par le justice italienne pour abus sexuels. Le Pape a demandé conseil au cardinal Coccopalmerio sur la manière de punir l’archevêque Viganò.
Zanchetta
Nous sommes ici probablement face à une nouvelle affaire McCarrick, avec une implication du Pape encore plus grande. Gustavo Zanchetta était évêque d’Orán, en Argentine. EN 2017, il abandonne son diocèse à l’improviste, en prétextant des motifs de santé, et il disparaît pendant plusieurs mois. Le Pape le fait venir au Vatican et crée pour lui une fonction sur mesure, qui n’a jamais existé auparavant, d’assesseur à l’APSA (l’Administration du Patrimoine du Siège Apostolique), le coffre-fort de l’Église. Mais entretemps, on apprend que Mgr Zanchetta avait abusé de séminaristes et que trois prêtres, dont le Vicaire général du diocèse, l’ont dénoncé au Vatican en 2015 déjà. Mgr Zanchetta vit toujours à Sainte Marthe. La défense officielle du Vatican consiste à prétendre que jusqu’à il y a quelques mois, le Pape ne savait rien des exactions de Mgr Zanchetta alors qu’il était pourtant – selon ce qu’on dit en Argentine – son « père spirituel ». À présent, la justice argentine a ouvert une enquête contre Mgr Zanchetta qui devra comparaître devant un tribunal. Une situation très embarrassante pour le Pape qui se défend en prétendant que les explications de Mgr Zanchetta avaient été très convaincantes.
Peña Parra
Mais dans le sillage interminable des personnages problématiques qui semblent accompagner François depuis l’époque de Buenos Aires jusqu’à nos jours, il en est eu qui semble tout particulièrement poser problème. Tout d’abord parce qu’il n’appartient pas à un passé plus ou moins lointain mais très récent. Et ensuite parce qu’il s’agit du Substitut de la Secrétairerie d’État, c’est-à-dire du numéro 3 dans la hiérarchie du Vatican.
Selon l’archevêque Viagnò, le Pape aurait choisi d’ignorer un effroyable dossier envoyé par un groupe de fidèles de Maracaibo intitulé « Quién es verdaderamente Monseñor Edgar Robinson Peña Parra, Nuevo Sustituto de la Secretarîa de Estado del Vaticano? ». Le dossier est signé par le Dr. Enrique W. Lagunillas Machado, au nom du « Grupo de Laicos de la Arquidiócesis de Maracaibo por una Iglesia y un Clero según el Corazón de Cristo ».
Ces fidèles accusent Mgr Peña Parra d’une terrible immoralité en décrivant dans le détail ses crimes présumés. Ce scandale pourrait bien surpasser celui de McCarrick et on ne devrait pas permettre qu’il soit couvert par le silence.
Certains faits ont été publiés par les médias, en particulier dans l’hebdomadaire italien l’Espresso, et ensuite sur LifeSiteNews et sur le blog Stilum Curiae. Mais Mgr Viganò, qui dans les années 2000 travaillait à la Secrétairerie d’État au service du Délégué pour les représentations pontificales, en a apporté la confirmation ainsi que d’autres éléments.
En janvier 2000, un journaliste de Maracaibo, Gastón Guisandes López, a porté de graves accusations contre certains prêtres du diocèse de Maracaibo, dont Mgr Peña Parra, y compris d’abus sexuels sur mineurs et d’autres actes potentiellement criminels. En 2001, Gastón Guisandes López demande par deux fois à être reçu par le nonce apostolique (l’ambassadeur du Pape) au Venezuela, l’archevêque André Dupuy, pour lui en parler, mais l’archevêque refuse de le recevoir, sans explication. Toutefois, le Nonce envoie un rapport à la Secrétairerie d’État en racontant que le journaliste avait accusé Mgr Peña Parra de deux crimes très graves, en décrivant les circonstances. Premièrement, Edgar Peña Parra avait été accusé d’avoir séduit, le 24 septembre 1990, deux séminaristes mineurs de la paroisse de San Pablo, qui étaient censés entrer au Grand Séminaire de Maracaibo la même année. On dit que ces faits se seraient déroulés dans l’église de Nuestra Señora del Rosario dont le curé était le révérend José Severeyn. Le Rev. Severeyn fut ensuite renvoyé de cette paroisse par l’archevêque de l’époque, Mgr Roa Pérez. L’affaire a été dénoncée à la police par les parents des deux jeunes et a été traitée par celui qui était directeur du Grand Séminaire à l’époque, le Rev. Enrique Pérez, ainsi que par le directeur spirituel de l’époque, le Rev. Emilio Melchor. Interrogé par la Secrétairerie d’État, le Rev. Pérez a confirmé par écrit l’épisode du 24 septembre 1990. Mgr Viganò a déclaré avoir vu ces documents de ses propres yeux.
En second lieu, Mgr Edgar Peña Parra est soupçonné avoir été impliqué, avec d’autres, dans un fait divers qui n’a jamais été complètement éclairci : la mort de deux personnes, un médecin et un certain Jairo Pérez, survenue en août 1992 sur l’île de San Carlos au large de Maracaibo. Ils ont été tués une décharge électrique et on n’est pas certain que leurs morts soient vraiment accidentelles. La même accusation se retrouve également dans le dossier susmentionné envoyé par un groupe de laïcs de Maracaibo, avec le détail supplémentaire que les deux cadavres ont été découverts nus, avec la preuve de rapports homosexuels macabres. Ces accusations sont pour le moins extrêmement graves.
Malgré cela, non seulement Mgr Peña Parra n’a pas été contraint d’en rendre compte mais on l’a également autorisé à continuer à travailler au service diplomatique du Saint-Siège.
Ces deux accusations ont été signalées à la Secrétairerie d’État en 2002 par le Nonce apostolique au Vénézuela de l’époque, l’archevêque André Dupuy. Mgr Viganò affirme avoir vu de ses yeux tous les documents en question qui, s’ils n’ont pas été détruits, se trouvent toujours aussi bien dans les archives du personnel diplomatique de la secrétairerie d’État que dans les archives de la nonciature apostolique au Venezuela où les archevêques suivants ont servi comme nonces : Giacinto Berloco, de 2005 à 2009; Pietro Parolin, de 2009 à 2013 et Aldo Giordano, de 2013 ad aujourd’hui. Tous avaient accès aux documents qui détaillaient ces accusations contre le futur Substitut, tout comme les cardinaux secrétaire d’État Sodano, Bertone et Parolin ainsi que les substituts Filoni et Becciu.
Selon Mgr Viganò, le comportement du cardinal Parolin semble particulièrement grave : en tant que Secrétaire d’État, il ne s’est pas opposé à la récente nomination de Mgr Peña Parra comme substitut, faisant de lui son plus proche collaborateur. Mais il y a plus : en janvier 2011, alors qu’il était nonce apostolique à Caracas, Parolin ne s’est pas opposé à la nomination de Peña Parra comme archevêque et nonce apostolique au Pakistan. Avant de confier des charges aussi importantes, une enquête rigoureuse est menée pour s’assurer de l’idonéité du candidat ; il est donc certain que les accusations en question ont été portées à l’attention du cardinal Parolin. Si la responsabilité du cardinal Parolin est grave, celle du Pape François l’est encore davantage pour avoir nommé à une fonction aussi importante pour l’Église un homme accusé, ou à tout le moins suspecté, de crimes aussi horribles, sans avoir exigé une enquête ouverte et approfondie. Il y a quelques semaines, les évêques du Venezuela ont publié une déclaration de soutien au substitut en affirmant que les accusations n’étaient pas vraies. Mais ils ne répondent pas en détail sur les accusations en question et encore moins sur d’éventuelles enquêtes ou documents.
Il y a un autre aspect scandaleux à cette histoire. Mgr Peña Parra était étroitement lié au Honduras, plus précisément au cardinal Maradiaga et à l’évêque Juan José Pineda Fasquelle. Entre 2003 et 2007, Mgr Peña Parra a travaillé à la nonciature de Tegucigalpa et pendant qu’il était là, il était très proche de Juan José Pineda qui a été ordonné évêque auxiliaire de Tegucigalpa en 2005, devenant le bras droit du cardinal Maradiaga. Nous avons déjà évoqué Juan José Pineda et son incroyable affaire il y a quelques instants. Le Pape François n’a pas communiqué les résultats du rapport que le Visiteur apostolique, l’évêque argentin Alcides Casaretto, lui a remis directement en mains propres.
Comment interpréter la décision du Pape François de ne pas s’exprimer, d’esquiver et de minimiser la moindre question sur le sujet sinon comme une couverture des faits et la protection d’un réseau homosexuel ? Un tel comportement autorise à penser que plutôt que de diligenter une enquête transparente et sérieuse sur les personnes incriminées, le Pape laisse toute l’Église souffrir aux mains d’un réseau de prélats homosexuels de carrière.
Le lobby gay
Le témoignage de Mgr Viganò, sur lequel nous ne nous étendrons pas, affirme qu’il existe dans l’Église un lobby de prélat homosexuels qui sont également favorisés par des prélats pro-gays. D’autres affirment que, dans l’Église, l’homosexualité n’a jamais été aussi répandue qu’aujourd’hui. Le prof. Oko, d’une université polonaise, affirme qu’entre 30% et 40% des prêtres américains ont des tendances homosexuelles. Et il en va de même, sinon davantage, pour les évêques. Plusieurs évêques américains ont parlé d’« homosexualité diffuse » dans l’Église.
Personnellement, de nombreuses personnes me parlent de situations analogues en Italie, dans des séminaires et dans des ordres religieux.
Je n’ai pas encore dressé d’inventaire mais si ce que m’ont rapporté plusieurs sources de manière indépendante est vrai, et je le crois, il y a une forte présence d’homosexuels au Vatican, même dans l’entourage proche du Pape. Et le livre de Frédéric Martel, même s’il ne faut pas lui accorder trop de crédit, affirme qu’il y a une forte présence homosexuelle au Vatican. Il est quand même extraordinaire que Martel, un écrivain et activiste homosexuel, ait pu vivre une semaine par mois au Vatican, hébergé et aidé par des prélats. Dont Mgr Ricca, le directeur de Sainte-Marthe, que le Pape a nommé prélat de l’IOR, la banque du Vatican. Mgr Ricca, qui est un diplomate, a vu sa carrière abrégée par ses frasques homosexuelles qui ont fait scandale en Amérique du Sud. Et c’est un homme de confiance du Pape.
Le véritable problème, en fait, c’est que beaucoup pensent qu’une opération visant à légitimer les rapports homosexuels dans l’Église catholique est en cours.
Plusieurs éléments permettent de rendre cette thèse plausible.
Le premier élément c’est la célèbre phrase « qui suis-je pour juger » prononcée par le Pape.
Le second élément c’est que jamais depuis que les scandales liés aux abus sexuels ont éclaté au Chili, aux États-Unis, en Allemagne, au Honduras et en Argentine, le Pape n’a prononcé le mot homosexualité et qu’il n’a jamais fait le lien entre les abus et l’homosexualité. Il a en revanche pointé du doigt le « cléricalisme », même dans l’affaire McCarrick.
De nombreux évêques et observateurs laïcs considèrent pourtant qu’il y a un lien direct entre homosexualité et abus. L’étude la plus récente, celle du Ruth Institute, ne dit pas autre chose. Tout comme d’autres experts, comme nous l’avons dit au début.
Un troisième élément : le P. James Martin SJ, un jésuite activiste pour les « droits » LGBT a été nommé consulteur pour la Communication du Vatican. En outre, il a été invité à prendre la parole à la rencontre mondiale des familles à Dublin. Son protecteur au Vatican, le cardinal Kevin Farrell, étroitement lié à McCarrick, a été nommé par le Pape Camerlingue de la Sainte Église Romaine, après la mort du cardinal Jean-Louis Tauran.
Quatrième élément. Dans l’Instrumentum Laboris du Synode sur les Jeunes, l’acronyme LGBT a été inséré sans que personne n’en ait parlé au cours de la phase préparatoire. L’opposition de nombreux évêques a empêché qu’il ne se retrouve dans le document final qui utilise quant à lui l’expression d’« orientation sexuelle » qui fait partie du vocabulaire LGBT.
Cinquième élément. Ces dernières semaines, on a assisté à des gay prides pratiquement partout. Dans certains cas, comme à New York dans l’église de San François, on a célébré des messes « pre-pride ». Et le même père jésuite James Martin a affirmé que le Pape avait nommé beaucoup d’évêques et de cardinaux pro-LGBT… sans être contredit, naturellement.
Voilà donc quelle est la situation. Si vous avez des questions, je serai heureux d’y répondre du mieux que je peux.