Les splendeurs des églises sont la richesse des pauvres

Eglise Sao Francisco de Porto, fleuron des splendeurs de l'époque baroque

Eglise Sao Francisco de Porto, fleuron des splendeurs de l’époque baroque

Et pourtant, si certains prêtres démagogues et populistes parlaient vraiment « au nom du peuple » – le vrai – ; s’ils aimaient vraiment l’Eglise incarnée et pas une Eglise théorique, c’est-à-dire le peuple fidèle tel qu’il est et non tel qu’il devrait être selon eux ; s’ils avaient vraiment à cœur les pauvres en esprit et en biens matériels, alors il devraient réaliser ce qui suit.

Le prêtre démagogue méprise cette dévotion du petit peuple pour un Padre Pio comme pour chaque saint thaumaturge car ses références à lui, ce sont les totems du politiquement correct comme Martin Luther King, Gandhi, Kennedy.  Pourtant, Padre Pio ainsi que toutes les diamants de l’Eglise et les trésors de ses édifices ne sont pas seulement un don de Dieu aux « pauvres » de ce monde mais constituent la vraie et bien souvent l’unique richesse du peuple de Dieu.  C’est son héritage.

De tous temps, les pauvres en haillons ont frappé à la porte des maisons des seigneurs de ce monde leur chapeau à la main, pour demander humblement la permission de devenir leurs serviteurs.  Il en a toujours été ainsi.  Cependant, quand ce même pauvre entrait dans une église, il était un roi, semblable à tous les autres rois de ce monde qui devant Dieu, devant l’autel, dans cette Eglise qui est notre mère à tous, sont eux aussi pareils aux pauvres, avec les mêmes péchés, les mêmes droits et les mêmes devoirs.

Autrefois, lors de la cérémonie d’inhumation religieuse des empereurs austro-hongrois, lorsque le chambellan frappait à la porte de bronze de la crypte des franciscains dans laquelle reposent tous les souverains habsbourgeois pour accompagner l’empereur défunt à sa dernière demeure, le frère gardien demandait depuis l’autre côté du portail « Qui frappe à la porte ? ».  Alors le chambellan énumérait tous les titres royaux du défunt.  Cependant le frère gardien répondait alors sèchement « Nous ne le connaissons pas ! ».  Le chambellan énumérait ensuite tous les honneurs et les décorations civiles et religieuses de l’impérial défunt.  Encore une fois, le frère gardien répondait « Nous ne le connaissons pas ! ».  Ce n’est que lorsque le chambellan se décidait à dire, à sa troisième tentative : « Nous accompagnons un pauvre pécheur comme nous tous qui a invoqué la miséricorde de Dieu pour être enterré en terre bénite » que le frère gardien de la crypte de la cathédrale disait « Qu’il entre » en ouvrant les battants du portail.

Quelle que soit l’époque, le pauvre qui entrait dans une église dont il avait bien souvent contribué généreusement à la construction (par son travail si pas par son argent) savait une chose : toute cette splendeurs, ces murs somptueux, ces saints représentés sur ces tableaux magnifiques, la musique sublime, chaque sacrement, le salut même que toutes ces choses symbolisaient et promettaient lui appartenaient.  Tout cela était là pour lui, à son entière disposition, tout l’apparat universel glorieux et triomphant de l’Eglise étaient au service de son âme et dans certains endroits, même de son corps.

En effet, dans l’Eglise, le pauvre mendiant ignorant devenait un roi pour lequel les plus grands artistes avaient, tout spécialement pour lui, peint et sculpté tant de merveilles pensées sur mesure pour le pauvre, pour l’édifier et être comprises de lui.  C’est aussi pour lui que de grands architectes avaient élevé des voûtes majestueuses, que des compositeurs célèbres avaient composé leurs symphonies ; c’est pour lui aussi, chair libérée par le Christ, plus que pour Dieu que les organistes jouaient leurs merveilleuses mélodies ; c’est encore pour lui que les prêtres préparaient de splendides liturgies et des sermons qui lui soient compréhensibles… et l’on peut affirmer que c’est pour lui seul qu’ils étaient rédigés avec érudition et passion au prix de tant de sueur et ensuite prononcés.  Pour lui seul, le pauvre.

Tout comme c’est pour lui seul que se mobilisaient les saints thaumaturges du paradis ainsi que ceux qui gémissaient encore sur la terre.  Pour que lui, le pauvre, l’ignorant, le simple , devienne un roi au sein de l’Eglise.  Parce que toute la beauté et le mystère étincelants de l’Eglise et des églises constituaient le « patrimoine des pauvres ».  C’était l’unique trésor qu’ils aient jamais possédé sur cette terre, en souvenir de leurs pères et qu’ils laissent aux fils de leurs fils.

Lorsque les pauvres furent chassés des églises pour être jetés dans des usines, ils cessèrent d’être des rois.  Petit à petit, ils furent été abaissés pour que puissent s’élever les démagogues d’hier, d’aujourd’hui et de toujours.  Ils redevinrent des « ouvriers », des « salariés », de la « main d’œuvre », des « manuels », des « mendiants », des « miséreux », des « communistes ».  Plus tard, ils se résumèrent à la somme de toutes ces choses : de la chair à canon pour toutes les idéologies de ce monde, cessant par là non seulement d’être des rois mais également d’être des hommes, réduits à des « masses », des « classes », des « sujet », des « soldats inconnus ».

Autrefois, ils étaient des rois, dans l’Eglise, règne de toutes les diversités et de toutes les égalités dans la diversité.  Oui, ils étaient des rois.

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