L’Eglise belge doit repartir de zéro

Antonio Margheriti

Il m’en coûte de devoir décevoir l’administrateur de ce site car je sais qu’il souffre quand je lui dit que, désolé pour lui, non seulement la Belgique n’est plus chrétienne mais que dans ce qu’il reste – je parle de l’institution – il ne subsiste plus rien de chrétien et encore moins de catholique. La Belgique n’est plus qu’un pays radicalement déchristianisé qui a pris la route, puisqu’il n’y a pas de limite au pire, de l’antichristianisme le plus hystérique, à commencer par ce qui se passe à l’intérieur de ces bâtisses qui ne contiennent que du vide et qui n’ont plus d’église que le nom, si tant est qu’elles n’aient pas encore été converties en discothèques, en supermarchés ou en cinémas.

La Belgique n’a plus d’Eglise : elle a toujours davantage de musulmans, d’athées, d’anticléricaux, d’indifférents mais quasiment plus de chrétiens. Ce que l’on observe à l’intérieur et à l’extérieur de l’église correspond à l’application à la lettre du programme de cette franc-maçonnerie dont les loges ont toujours été si profondément enracinée en Belgique, surtout en Wallonie, et dont autorités catholiques sont en train d’épouser les idées, dans une fuite en avant suicidaire.

L’écrivain Vittorio Messori avait raison lorsqu’il appelait depuis Rome à une remise à zéro de toutes les institutions catholiques présentes dans ce pays qu’il considère artificiel, à l’instar de l’union espagnole et de ces « états-tampons » que le catholicisme maintenait autrefois ensemble et qui, aujourd’hui que ce lien se délite, voient émerger en leur sein des forces centrifuges obsédées par le démembrement. Car ces institutions sont inutiles, elles ne servent plus et, comme tout ce qui est inutile, elles sont nocives.  Le clergé et les fidèles qui ont cessé d’être chrétiens forment un espèce de maladie auto-immune au sein de l’Eglise un peu comme ces anticorps qui, après avoir muté, s’attaquent aux cellules saines plutôt qu’aux cellules malades et qui, au lieu de défendre l’organisme, l’exposent ensuite à toutes les infections jusqu’à en provoquer le décès.

Je sais que je fais souffrir mon éditeur belge en lui disant tout cela mais la souffrance par amour n’est jamais un mal et, surtout, elle n’est jamais perdue: elle fortifie et porte du fruit. Car si le grain de blé ne meurt …

En revanche, le chrétien en Belgique qui souffre de la perte du christianisme mais qui refuse de se résigner est un signe d’espérance pour l’avenir. Non pas que je sois optimiste mais en tout cas je garde  espoir comme le vieux curé de ma paroisse à Rome qui, pendant son homélie, parlait du sel qui a perdu sa saveur.  Or c’est justement sa saveur qui définit le sel et sans elle il n’est plus rien.

Le sel de la terre

Combien de fois – disait donc ce prêtre en parlant de ses confrères – notre parole n’a-t-elle pas été nébuleuse, diluée, banale, insignifiante, insipide non pas par douceur mais par perversion ; combien de fois notre réserve n’a-t-elle été le symptôme de notre tiédeur et de notre froideur plutôt que de notre lucidité et de notre sérénité, sans autre but que celui qu’on nous laisse tranquille, qu’on nous fiche la paix, qu’on ne nous cause pas de problèmes, dans le seul but d’éviter de nous battre, consentant ainsi à devenir les complices et les témoins passifs de toutes ces folies que le monde inventait jour après jour.

Combien de fois n’avons-nous pas réduit le feu de la parole et le sang du Christ en une hypocrite gymnastique éthique et exotique en surfant sur la peau tatouée de la dernière mode, devenue cuirasse de notre indifférence, sans la laisser pénétrer notre âme, jusqu’à finir par servir sans croire derrière notre masque à double visage ?

Combien de fois n’avons-nous pas réduit le scandale de l’incarnation à une bouille moraliste, non pas parce que nous étions nous-mêmes moraux mais parce que la seule chose dont nous nous soucions encore était de préserver notre individualisme confortable qui s’est mué en bureaucratie jusque dans les églises : nous qui étions apôtres, nous sommes devenus des employés à contrat à durée indéterminée, des salariés avec tous les avantages sociaux qui en découlent, et nous avons ainsi préféré la sécurité de la prévoyance à celle de la Providence et de la prière. Combien de fois ne sommes-nous pas transformés en diplomates, en « gens biens sous tous rapports », en pacifistes ou en « hommes de dialogue », uniquement parce que nous n’avions plus rien à dire, plus rien à témoigner et donc plus rien à combattre ?

Et surtout pourquoi avons-nous voulu éviter à tout prix de prendre le moindre risque, allant jusqu’à faire de la prudence évangélique qui nous invitait autrefois à être « prudents comme le serpent et candides comme la colombe » l’alibi de notre désertion ?

Nous sommes le sel qui a perdu sa saveur, nous sommes une vaste étendue désertique et aride de néant. Nous sommes ceux avec ou sans lesquels tout restera pareil.  Ceux que plus personne ne croit parce qu’ils ont eux-mêmes perdu la foi et qu’ils ne sont plus crédibles.

Mais voici pourtant son message d’espérance, un message que je partage moi aussi, et que je confie à mon ami belge :

« Vivement que ce christianisme abandonne enfin les oripeaux devenus trop grands de la religion de masse de jadis, vivement qu’il renonce aux fastes et aux honneurs d’une église inféodée à des Etats qui l’ont reniée jusqu’à se renier eux-mêmes, vivement qu’elle devienne petite et humble. Parce que c’est cela sa vocation : le petit troupeau ». 

De petites communautés d’hommes de bonne volonté qui veulent vivre comme Lui nous l’a appris.  Lui, le Roi de cieux et non le Prince de ce monde, quels que soient les masques et les noms à la mode qu’on lui donne à chaque nouvelle génération, qu’il s’agisse d’idéologie ou de vogues, dans l’Eglise ou en-dehors.

En effet, l’adhésion au catholicisme ne peut plus être une habitude, une coutume sociale et politique, quelque chose dont on hériterait un peu comme une maison de famille qui passe de père en fils et à laquelle on ne fait même plus attention ou comme ces vieux bibelot qu’on n’apprécie guère à force de les avoir en permanence sous les yeux.

Refugium frigidorum

La vocation du christianisme, c’est justement la Vocation. La ressentir.  Se sentir appelé à.  Aujourd’hui plus que jamais, le christianisme doit être choisi.  Après l’avoir mûrement examiné, évalué, soupesé.  Comme un conjoint.  Il doit être préféré pour pouvoir devenir un chemin et un choix de vie, un compagnon fidèle dans le bonheur comme dans les épreuves sur ces routes si longues et obscures.

Qu’avons-nous fait des disciples du Christ ? Où sont-ils tous passés ?  Pourquoi sont-ils partis ?  Et ceux qui restent, qu’est-ce qui a bien pu les rendu amers au point qu’ils en arrivent même à haïr leur propre Mère, à critiquer sa vertu, à être les seuls fils au monde à lui souhaiter un passé de prostituée et un avenir de concubine ?  Que sommes-nous devenus ?  Non, ce n’est pas possible de vivre comme cela en Eglise !  Ce n’est pas cela être chrétien.

Etre chrétien, cela ne peut pas non plus être – comme en Allemagne – un job assorti d’un contrat de travail en bonne et due forme, qui plus est grassement rémunéré pour autant que l’on ne fasse pas preuve de trop de zèle religieux; cela ne peut pas devenir – comme en Belgique – un loisir ou une espèce de club pour personnes âgées où l’on vient pallier ses propres frustrations, ses échecs sociaux, professionnels et familiaux en les faisant payer aux rares pratiquants qui restent; cela ne peut pas non plus être le refugium frigidorum de viragos en manque d’affection, de ménagères désespérées et avides de revanche, de demi-femmes et de demi-bonnes sœurs (pareilles à des créatures mythologiques bimorphes) aux velléités « intellectuelles », maniaques du contrôle et frustrées en famille – si tant est qu’elles en aient une – ni de petits homoncules aspirants-généraux d’armées cléricales en déroute retranchés dans les sacristies pour tromper leur ennui, leur inutilité et leur aliénation ; ni de personnes qui vont à l’église comme on va chez le psychanalyste : pour étaler des pulsions réprimées que jamais ils n’ont osé montrer au grand jour, quitte à transformer la maison de Dieu en lupanars excentriques et anachroniques de leurs blasphèmes et de leurs aspirations copulatoires devant lesquelles tout l’univers se marre, lui qui est déjà passé à autre chose depuis belle lurette alors qu’eux en sont restés à Onan ; ni de beaux parleurs ou de politicards marginaux en mal de tribunes et d’auditoires dans le monde laïc qui viennent chercher un remède à leur névrose derrière le pupitre d’une institution ecclésiale toujours bien disposée envers la médiocrité sirupeuse et gluante qui défie l’intelligence, se transformant ainsi en une sorte d’hybride monstrueux qui n’est déjà plus laïc mais qui n’est pas encore tout à fait prêtre, qui n’est plus rien et que l’on pourrait désigner par l’adjectif substantivé de « clérical », des chantres de ce progressisme postchrétien nord-européen qui s’acharnent sans relâche sur les pauvres petits fidèles de bonne volonté.

Une petite chose

Non, une Eglise réduite à de telles extrémités pour maintenir une apparence de grandeur, c’est la dernière cène du Sanhédrin, pas celle du Christ. Moi aussi, j’attends avec impatience que le christianisme redevienne une petite chose, comme il l’était à ses débuts, comme il l’était pour le Christ : mais combien de grandes choses n’ont-elles pas été enfantées par cette petite chose ?  L’Evangile nous rappelle ce morceau de levain.  Le sel, la levure : voilà les ingrédients, pas grand-chose au fond.  Mais ce sont eux qui soutiennent le monde.

Il nous faut devenir des moines laïcs sans fuga mundi mais en marche dans le monde; à commencer par notre maison qui est généralement l’environnement le plus imperméable et le premier lieu de mission in partibus infidelium pour annoncer l’Evangile vivant, la parole qui s’est faite chair et vie.  Vivre comme le Maître nous l’a enseigné.

Mais cela ne plaît pas à ceux qui sont chrétiens parce que leur famille l’était, par habitude, embourgeoisés, désormais blasés et indifférents ; ceux qui ont leur chaise réservée aux premiers rangs à l’église et qui, tout en restant assis, gravissent peu à peu les marches du chœur jusqu’à en chasser les consacrés pour se faire eux-mêmes les grand-prêtres de leur narcissisme maladif, les cléricaux en somme.

Or le christianisme ne s’accommode pas des intrigues de cour, des comités, des salons, des sacristies et des salles où l’on parle pour ne rien dire et encore moins de ces leçons de « réactualisation » qui dégénèrent souvent en frustration et en démolition : ces fameuses choses inutiles qui deviennent nocives dont je parlais précédemment.  Il ne peut pas devenir une compétition interne à celui qui escaladera en premier les marches de l’autel en marchant sur la tête des autres.

Être chrétien, ce n’est pas une carrière. Pourtant, on en est même venu à parler des « droits » de telle ou telle catégorie privilégiée dans les églises, dans une imitation risible du monde séculier, tandis que l’on faisait s’abattre la damnatio memoriae sur les « devoirs » du chrétien de sorte que chacun veut commander mais que plus personne ne veut servir ; chacun veut donner son avis mais… qui reste pour prier?  Qui consolera les malades, les souffrants, les pécheurs et les mourants ?

J’ai été choqué quand un ami belge m’a raconté l’histoire de son père à l’agonie en soins palliatifs. Il cherchait désespérément un prêtre pour lui donner l’ultime réconfort mais il ne s’en trouva pas.  Et c’est alors que se présenta, de l’équipe d’aumônerie de l’hôpital, l’une de ce théologiennes cléricalisées pétrie de ces beaux discours bien-pensants dégoulinants de freudisme à bon-marché mais dépourvue de la moindre once de vérité, incapable de vivre ni de témoigner de la moindre affection pour réconforter le moribond.

A son grand désarroi, le fils du mourant la renvoya sèchement d’où elle venait en exigeant un véritable prêtre et pas une radoteuse venue instrumentaliser la souffrance d’autrui dans le but de se mettre en compétition « avec les hommes ».

Car ce post-christianisme parle toujours pour ne rien dire et exclusivement de lui-même, de sa petite personne : de prêtres, de prêtres qui veulent des relations sexuelles, de prêtres qui en ont, de prêtres mariés, de prêtres qui voudraient se marier, de prêtres pédophiles, de femmes-prêtres, de prêtres gays, de prêtres-à-porter, de prêtres et encore de prêtres…

Mais qui parle encore de la Personne du Christ ? Quand on le fait, c’est pour expédier l’affaire avec dédain, comme un vieux machin à « interpréter », comme si l’Evangile était écrit en hiéroglyphes.  Il n’y a pas de créatures plus misérables et insignifiantes que ces prêtres sans Christ qui se sont fait eunuques pour un règne auquel ils ont renoncé et qui ne servent plus à rien.  Les demi-prêtres, les « non-eunuques » qui ne voudraient donner que le minimum au Christ tout en s’adonnant pleinement à leurs désirs, aux femmes, aux enfants et aux amants.  Ceux-là ne servent ni au Christ ni aux fidèles et même l’« affectivité » tant espérée n’y trouve semble-t-il pas son compte.

Qui m’a touché ?

C’est précisément du fond de ce gouffre de solitude, d’inepties et d’inutilité dans lequel la Belgique se complaît et dans lequel elle continuer à s’enfoncer que l’on entend sourdre la modeste source du futur.

La voilà la solution, la seule qui reste avant de tomber en hypothermie et de ne plus rien ressentir du tout : il faut remonter la pente, abandonner le fardeau clérical et institutionnel au fond du trou pour remonter à mains nues en suivant la lumière tout en haut. On s’écorchera les mains aux aspérités de la paroi, on se brisera les ongles, on risquera même de dégringoler mais en fin de compte, on relèvera enfin le défi de s’en sortir.

Le premier qui y parviendra sera chargé de tout reprendre depuis le début, à la manière des premiers apôtres qui se retrouvèrent seuls en terre païenne après que le Maître eut quitté cette terre. Être le ferment.  Etre le sel.  Construire de petites églises « domestiques », des minuscules cénacles, presque clandestins, dans lesquels les nouveaux chrétiens pourront écouter d’un cœur nouveau ces paroles du Messie, toujours subversives quelle que soit l’époque et quel que soit le régime, et recommencer à espérer contre toute espérance.

Redevenir le petit troupeau qui mise à nouveau sur le Dieu de Jésus-Christ et qui cherche, un par un, des compagnons de route. Une route que nos pères ont foulée pendant des millénaires avant que leurs fils ne la perdent de vue, une route qui n’a pas de fin et qu’il faut à chaque fois parcourir depuis le début.  Et avec les nouveaux « douze » de bonne volonté rencontrés en chemin, comme autant de compagnons de solitude unis par l’aliénation d’être ignorés des métropoles, dans une alliance entre personnes libres et étrangères, cor ad corum loquitur.

Le christianisme n’est pas fait pour les masses indistinctes, comme le pensent ces idéologies qui se sont faites théologies : Jésus n’a jamais parlé à des catégories sociales, il s’est toujours adressé au cœur de chaque personne qu’il rencontrait sur son chemin. Lorsqu’une foule entourait Jésus et que tous cherchaient à l’entendre, à le voir et à le toucher, tout à coup, derrière lui, une main effleura par en bas la frange de son vêtement.  Jésus s’arrêta net et demanda : « Qui m’a touché ? ».  Parmi cette foule de mains qui le touchaient, il avait senti les mains les plus nécessiteuses et les plus sincères : celles d’une pauvre veuve abandonnée.  Elle était là pour lui et lui était là pour elle, elle l’avait touché et il l’avait senti.  Parmi toutes.  Ils s’étaient choisis.  Librement. Il lui a tendu la main pour la relever de la poussière dans laquelle elle rampait et dont elle se nourrissait, elle qui avait été rabaissée au dernier rang de l’humanité après avoir sombré dans la fange la plus noire, dans les affres du malheur et de la solitude.  Il l’a prise par la main pour la ramener sur le chemin.  Toucher à nouveau la frange de son vêtement.  Afin qu’il se rappelle notre nom, qu’il n’oublie pas notre pauvreté, qu’il nous appelle ses amis comme il l’avait fait avec ses disciples.

« Seigneur, à qui irions-nous ? ». Nulle part : c’est lui qui viendra nous trouver là où deux ou trois personnes de bonne volonté seront réunies en son nom et ensuite, ce sera la multiplication des pains et des poissons.  Le Maître n’a-t-il pas dit que pour être avec Dieu, il suffit qu’une poignée de croyants soient unis par la prière quelque part?  Les maisons particulières, dans un pays comme la Belgique, deviendront les cathédrales du nouveau christianisme où se rassembleront les nouveaux douze apôtres devenus frères au nom de l’Unique, se rappelant mutuellement ce qu’Il nous avait enseigné ; et l’invitant à partager le repas où il se fera pain et vin.  Parce que c’est justement quand nous avons tout perdu que Dieu nous prépare tout pour nous.

Alors pourquoi avoir peur ? Qu’est-ce que la Belgique aurait à perdre à se débarrasser du boulet d’un cléricalisme sclérosé et sénile qui n’est plus qu’un fardeau pour l’esprit et dont les paroles creuses ne font que l’éloigner davantage de la lumière tout en haut du puits où il gît inanimé ?  Le christianisme belge aurait-il peur de mourir ?  Mais il est déjà mort !  Tertullien disait : « nous sommes semence : plus ils nous fauchent et plus nous nous multiplions ».  Un chrétien qui n’a pas perdu la foi ou qui l’a retrouvée ne se préoccupe pas du lendemain, il fait ce qu’il doit faire aujourd’hui, il n’a pas peur.

Pour être logé et nourri, il ne compte pas sur l’Etat, sur le légalisme, sur la bureaucratie, sur cet argent qui obsède le clergé et qui les rassure plus encore que la Providence, mais sur ce Dieu qui, s’il habille les oiseaux du ciel « mieux que le roi Salomon dans toute sa splendeur » et nourrit avec tant de prodigalité les fleurs de la terre, se préoccupe bien davantage de son troupeau réuni pour chercher en lui le pasteur, le bâton et la houlette « qui nous consolent ». Et alors nous pourrons dire les mots du « psaume de la confiance » :

Passerais-je un ravin de ténèbres, je ne crains aucun mal car tu es avec moi… Grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de ma vie, j’habiterai la maison du Seigneur pour la longueur de mes jours

C’est facile à dire, me répondrez-vous. Par où commencer ?  C’est simple : par soi-même.  Il faut avant tout redécouvrir soi-même le Maître. Cor ad corum loquitor. Chercher à toucher la frange de son vêtement avec un cœur sincère et plein de questions.

Il ne faut pas imaginer de grandes choses, on peut très bien réaliser des petites choses peu à peu, comme les enfants qui apprennent à faire leurs premiers pas en s’agrippant à tout ce qu’ils trouvent, hésitants, luttant contre la force de la gravité qui les attire en permanence vers le bas.

Il n’y a aucune autre voie que celle qui consiste à reparcourir le chemin de l’histoire du salut, à marcher là où Il a Lui-même marché, à s’arrêter là où Lui s’est arrêté, même si cette route est celle qui mène au Calvaire et que les haltes sont celles de la Passion.

Il y a une Eglise morte et une Eglise naissante qui doit se décider à naître, en vie. Et pour survivre, elle devra résister aux vapeurs méphitiques que l’Eglise morte va libérer pour l’étouffer dans l’œuf.  Le premier calvaire c’est celui que l’on subit de la part des « chrétiens » qui ont oublié jusqu’au sens de ce mot mais qui occupent l’église comme un puits à empoisonner avant la défaite finale de cette armée dissolue en déroute qui, déjà, est passée à l’ennemi.

Mais comme disait François Mitterrand à la fin de sa vie, « il n’y a qu’un seul regret après tout : celui de ne pas avoir été des saints. »

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