Cardinal Sarah : Le chant grégorien, du silence de l’âme unie à Jésus au silence de Dieu dans sa gloire

Nos con­tem­po­rains qui sont, à juste titre, si sen­si­bles au thè­me des droi­ts de l’homme, devra­ient réflé­chir à cet­te vio­la­tion d’un droit essen­tiel : celui de l’intimité de l’âme et de sa rela­tion uni­que et inef­fa­ble avec son Créateur et Rédempteur. Or, j’affirme que cer­tai­nes for­mes de musi­que et de chant enten­dus dans nos égli­ses vont à l’encontre de ce droit élé­men­tai­re de la ren­con­tre de la per­son­ne humai­ne avec Dieu du fait de la rup­tu­re du silen­ce inté­rieur, que l’on bri­se com­me une digue cède sous la pres­sion d’un tor­rent de boue. C’est pour­quoi, je n’hésite pas à décla­rer avec insi­stan­ce et humi­li­té : je vous en sup­plie, si le chant rompt le silen­ce inté­rieur, celui de l’âme, qu’on y renon­ce pour le moment, et qu’on nous resti­tue d’abord le silen­ce !

La liturgie est une rencontre avec le Christ

Dans la litur­gie, “nous ne célé­brons pas seu­le­ment le ‘Jésus de l’hi­stoi­re’ ni le ‘Christ de la foi’. Nous recon­nais­sons hum­ble­ment le Christ res­su­sci­té com­me Dieu, notre Seigneur. Il n’e­st pas démy­tho­lo­gi­sé ni éloi­gné de tout ce qui con­cer­ne notre foi: mal­gré la valeur aca­dé­mi­que d’u­ne tel­le sépa­ra­tion, elle ne peut nul­le­ment être con­si­dé­rée com­me une entre­pri­se légi­ti­me dans le cul­te de l’Eglise. Quand nous célé­brons la Sainte Liturgie, nous par­ti­ci­pons à l’a­do­ra­tion du Christ qui s’e­st fait hom­me pour notre salut, plei­ne­ment humain et plei­ne­ment divin”. C’est pour­quoi, a sou­li­gné car­di­nal Sarah, “la litur­gie ne peut pas deve­nir une sim­ple célé­bra­tion de la fra­ter­ni­té mais doit deve­nir le cul­te de Dieu”.

Il faut remettre Dieu au centre de la messe

Pour Don Nicola Bux, l’abandon du latin a con­tri­bué à la désa­cra­li­sa­tion de la litur­gie. Pour lui, on a mis un accent exa­gé­ré sur la Dernière Cène pour en fai­re un repas au détri­ment du carac­tè­re cosmi­que, rédemp­teur et sacri­fi­ciel de la Messe. Il faut donc restau­rer la disci­pli­ne en matiè­re de musi­que sacrée et des canons de l’art sacré, deux aspec­ts étroi­te­ment liés à la litur­gie. La « réfor­me de la réfor­me » vou­lue par Ratzinger et sou­te­nue par le Pape François doit remé­dier à à l’anarchie dans la litur­gie en réaf­fir­mant le droit de Dieu sur cet­te der­niè­re.