Ondes courtes, vision à long terme. La réponse du père Lombardi.

Dans le der­nier arti­cle con­cer­nant Radio Vatican figu­rait un pas­sa­ge auquel le P. Federico Lombardi a sou­hai­té répon­dre par une let­tre repro­dui­te ci-dessous dans son inté­gra­li­té.

Sandro Magister écri­vait dans Settimo Cielo:

“La fin des émis­sions en ondes cour­tes et la fer­me­tu­re annon­cée de leur sta­tion émet­tri­ce à Santa Maria di Galeria ont créé un malai­se chez les par­ti­sans – le P. Federico Lombardi en pre­mier – de ce canal radio qui a fait la gloi­re de Radio Vatican grâ­ce à sa capa­ci­té à pou­voir fai­re enten­dre une voix libre et clai­re jusque dans les recoins les plus recu­lés et les plus poli­ti­que­ment inho­spi­ta­liers du glo­be.”

Et en effet le P. Lombardi n’a­vait jamais caché le fond de sa pen­sée sur ce point.  L’an der­nier, dans une ‘inter­view où il retraçait le bilan de ses 25 ans pas­sés à Radio Vatican, il avait con­sa­cré aux ondes cour­tes deux répon­ses éclai­ran­tes qu’il est uti­le de met­tre en rap­port avec sa let­tre d’au­jour­d’­hui.

Q. — Qu’est-ce qui vous a le plus plu ou déplu pen­dant tou­tes ces années?

R. ‑Ce qui me rem­plis­sait de joie c’é­ta­ient ces témoi­gna­ges d’au­di­teurs qui viva­ient dans des situa­tions dif­fi­ci­les et qui réus­sis­sa­ient à nous fai­re par­ve­nir un mes­sa­ge de gra­ti­tu­de pour notre ser­vi­ce.  Je me rap­pel­le les let­tres d’u­ne infir­miè­re volon­tai­re laï­que en Somalie, iso­lée dans un mon­de inté­gra­le­ment musul­man, qui nous écou­tait régu­liè­re­ment.  Je me rap­pel­le les 40.000 let­tres de gra­ti­tu­de arri­vées d’Ukraine la pre­miè­re années après la chu­te du régi­me sovié­ti­que.  Et heu­reu­se­ment, la liste de ces exem­ples est lon­gue.   En revan­che, la plus gran­de décep­tion qui me pèse enco­re aujour­d’­hui c’e­st de ne pas avoir pu réa­li­ser un pro­gram­me en lan­gue haous­sa.  Elle était récla­mée par les évê­ques du Nord du Nigéria, une région qui, com­me nous le savons, est le théâ­tre de vio­len­ces et de ten­sions à cau­se de Boko Haram.  J’avais réus­si à l’or­ga­ni­ser, avec un coût de pra­ti­que­ment zéro, en comp­tant sur la col­la­bo­ra­tion béné­vo­le de reli­gieu­ses nigé­ria­nes à Rome grâ­ce à du con­te­nu réa­li­sé dans un stu­dio de radio catho­li­que du Nigéria. Ce pro­gram­me aurait pu être lar­ge­ment écou­té et le seul coût sup­plé­men­tai­re aurait été celui de l’é­ner­gie élec­tri­que pour le tran­smet­tre, moins de 10.000 euros par an, soit moins de 30 euros par jour.  Nous avions déjà fait la pre­miè­re tran­smis­sion lor­sque j’ai reçu l’or­dre de suspen­dre le pro­jet – sans dou­te par peur que la Radio ne “s’é­lar­gis­se”.  Ça a été une gran­de décep­tion pour les nigé­rians.  Pour moi, c’é­tait une déci­sion erro­née, qui allait à l’en­con­tre d’u­ne véri­ta­ble néces­si­té humai­ne et ecclé­sia­le à laquel­le nous pou­vions appor­ter une répon­se hum­ble mais signi­fi­ca­ti­ve d’at­ten­tion et de sou­tien pour des popu­la­tions pau­vres et éprou­vées.

Q. — Mais à part ce revers, Radio Vatican a beau­coup œuvré dans ce sens au cours de son histoi­re…

R. — Oui.  Il s’a­gis­sait d’un cas typi­que des ser­vi­ces que l’on pou­vait – est-ce que j’o­se­rais dire que nous pour­rions enco­re? — ren­dre grâ­ce aux ondes cour­tes et uni­que­ment grâ­ce à elles.  Voilà la rai­son pour laquel­le nous – et même moi per­son­nel­le­ment – en avons farou­che­ment défen­du l’u­ti­li­sa­tion jusqu’à ce jour et j’en pro­fi­te pour remer­cier les col­lè­gues du Centre de Santa Maria di Galeria qui ont accom­pli leur devoir avec une très gran­de com­pé­ten­ce et un grand dévoue­ment, en par­ve­nant à gar­der leur Centre opé­ra­tion­nel – un véri­ta­ble joyau du gen­re – dans un con­tex­te éco­no­mi­que rigou­reux.  Naturellement, j’ai bien con­scien­ce que les tech­no­lo­gies de la com­mu­ni­ca­tion ont ouvert de nou­veaux espa­ces extrê­me­ment impor­tan­ts qui sont aujour­d’­hui vitaux et incon­tour­na­bles et qu’il faut réaf­fec­ter de très nom­breu­ses res­sour­ces dans ce sens.  Mais l’ADN de Radio Vatican et de sa mis­sion depuis les ori­gi­nes, et tout par­ti­cu­liè­re­ment lor­sque l’Eglise a été oppri­mée par les régi­mes tota­li­tai­res, sur­tout com­mu­ni­stes, a tou­jours été le ser­vi­ce des chré­tiens oppri­més, des pau­vres, des mino­ri­tés en dif­fi­cul­té plu­tôt que la cour­se à l’au­di­mat.  Naturellement, il faut tenir comp­te de l’au­dien­ce mais ça ne fait pas tout.  J’espère qu’on ne l’ou­blie­ra pas quand il s’a­gi­ra de défi­nir les déve­lop­pe­men­ts de la com­mu­ni­ca­tion du Vatican.  C’est un beau défi: com­ment pren­dre vrai­ment en comp­te les pau­vres, com­ment com­bat­tre la “cul­tu­re du déchet” dans le nou­veau mon­de de la com­mu­ni­ca­tion.

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Après cet­te intro­duc­tion, voi­ci donc la let­tre que le P. Lombardi a écri­te, enri­chie de nom­breu­ses infor­ma­tions iné­di­tes.

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Cher M. Magister, 

Je con­sta­te que dans vos arti­cles con­cer­nant la réfor­me des médias du Vatican vous citez de temps en temps mon nom, en par­ti­cu­lier — récem­ment — à pro­pos de la que­stion des ondes cour­tes. 

Dans votre der­nier arti­cle, vous avez écrit que j’au­rais été “mis mal à l’ai­se” par la per­spec­ti­ve de la fin de l’u­sa­ge des ondes cour­tes et de la fer­me­tu­re du Centre de Transmissions de Santa Maria di Galeria (SMG). 

Ce n’e­st pas vrai et je ne sais pas com­ment vous l’a­vez déduit.  Voilà pour­quoi je vais ten­ter de mieux expli­quer ma vision (pas­sée et actuel­le) sur la que­stion.  Il fau­dra plus que quel­ques lignes par­ce que la que­stion est plus com­ple­xe que ce que les non-spécialistes peu­vent géné­ra­le­ment pen­ser. 

Depuis l’é­po­que de la con­struc­tion de la sta­tion par Marconi au Vatican en 1931, la nais­san­ce et la crois­san­ce du Centre de SMG se sont dérou­lées sur une pério­de (qui s’é­tend des années cin­quan­te aux années quatre-vingt) durant laquel­le les ondes cour­tes (et en ce qui con­cer­ne l’Italie et l’Europe éga­le­ment les ondes moyen­nes) con­sti­tua­ient le prin­ci­pal et pra­ti­que­ment l’u­ni­que canal au tra­vers duquel Radio Vatican (RV) accom­plis­sait la mis­sion qui lui était con­fiée. 

Les der­niers inve­stis­se­ment majeurs ont été les deux gran­des anten­nes tour­nan­tes qui per­met­tent d’aug­men­ter la puis­san­ce des émet­teurs et qui ont été con­strui­tes respec­ti­ve­ment à la moi­tié des années soixante-dix et à la moi­tié des années quatre-vingt afin de cou­vrir suf­fi­sam­ment les con­ti­nen­ts le plus éloi­gnés (Asie, Amérique Latine, Océanie) qui, avec l’aug­men­ta­tion du tra­fic des tran­smis­sions par ondes se trou­va­ient dans des con­di­tions moins favo­ra­bles pour la récep­tion des ondes cour­tes; la con­struc­tion du systè­me “4 Tours” pour les ondes moyen­nes euro­péen­nes remon­te quant à lui à la moi­tié des années quatre-vingt et il a déjà été déman­te­lé il y a quel­ques années. 

Depuis les années quatre-vingt-dix, les émis­sions depuis Rome sur ondes cour­tes et moyen­nes n’ont pas du tout été le seul canal pour la cou­ver­tu­re de Radio Vatican. 

RV uti­li­se la dif­fu­sion par satel­li­te depuis le début des années quatre-vingt-dix et cet­te tech­no­lo­gie a tou­jours été con­si­dé­rée com­me un moyen pour fai­re par­ve­nir notre signal radio aux émet­teurs (prin­ci­pa­le­ment catho­li­ques mais pas seu­le­ment) des dif­fé­ren­tes par­ties du mon­de qui pou­va­ient et sou­hai­ta­ient retran­smet­tre les pro­gram­mes dans les lan­gues qui les inté­res­sa­ient ain­si que les direc­ts des évé­ne­men­ts du Vatican en ver­sion ori­gi­na­le com­men­tée dans la lan­gue loca­le. 

Les tran­smis­sions par satel­li­te (au moyen de trois satel­li­tes dif­fé­ren­ts: un pour l’Europe, un pour l’Océan Atlantique et un pour l’Océan indien) per­met­ta­ient aux sta­tions inté­res­sées de cap­ter notre signal avec une qua­li­té suf­fi­san­te pour pou­voir le retran­smet­tre (ce qui n’é­tait pas pos­si­ble avec les ondes cour­tes ou moyen­nes).  C’est ain­si qu’un réseau d’é­met­teurs locaux, régio­naux ou natio­naux s’e­st con­sti­tué pour retran­smet­tre les pro­gram­mes de RV loca­le­ment sur les fré­quen­ces FM (modu­la­tion de fré­quen­ce) ou OM (moyen­nes), qui sont plus faci­les d’ac­cès et d’é­cou­te que les OC (cour­tes) et OM (moyen­nes) émi­ses depuis Rome. 

L’écoute de RV via des inter­mé­diai­res a con­si­dé­ra­ble­ment élar­gi sa cou­ver­tu­re dans le mon­de.  Encore récem­ment, nous esti­mions à envi­ron 1000 les émet­teurs (de tail­le et d’im­por­tan­ce très varia­bles) qui nous retran­smet­ta­ient dans 80 pays sur 5 con­ti­nen­ts.  A l’ex­cep­tion natu­rel­le­ment des pays où, pour diver­ses rai­sons, les radios catho­li­ques ou les radios qui ne dépen­dent pas de l’Etat sont inter­di­tes.  La plus gran­de par­tie des pro­gram­mes de RV ont ain­si été retran­smis par d’au­tres radios, ce qui a per­mis d’at­tein­dre des indi­ces d’é­cou­te remar­qua­ble (p.ex. Au Brésil, en Pologne, en France) ou bons par rap­port à une audien­ce poten­tiel­le (p.ex en Tchéquie, en Slovaquie, en Slovénie, etc.) ou plus limi­tés mais réels. 

La dif­fu­sion par inter­net a com­men­cé et s’e­st déve­lop­pée vers la fin des années quatre-vingt-dix.  Elle a con­cer­né tous les pro­gram­mes de RV et s’e­st affir­mée tou­jours plus com­me le canal pré­fé­ré pour accé­der à ces der­niers, si bien que ces der­niè­res années même les radios qui sou­hai­tent retran­smet­tre des pro­gram­mes ou des évé­ne­men­ts retran­smis en direct par RV pré­fè­rent rece­voir le signal depuis Internet plu­tôt que par satel­li­te (c’e­st pour­quoi l’u­ti­li­sa­tion du satel­li­te de l’Océan indien a été aban­don­née depuis quel­ques années par­ce qu’on a con­si­dé­ré qu’il n’é­tait plus néces­sai­re). 

Internet offre natu­rel­le­ment éga­le­ment l’a­van­ta­ge de per­met­tre un accès “on demand” aux pro­gram­mes enre­gi­strés, sans devoir être lié par le moment pré­cis de l’é­mis­sion en elle-même et per­met à des per­son­nes indi­vi­duel­les d’ac­cé­der aux pro­gram­mes depuis dif­fé­ren­ts endroi­ts du mon­de, une cho­se qui était pra­ti­que­ment impos­si­ble avec les satel­li­tes que nous uti­li­sions.  (Sur inter­net, nous avons éga­le­ment déve­lop­pé un impor­tant site d’in­for­ma­tions avec des tex­tes rédi­gés dans envi­ron 40 lan­gues et 13 alpha­be­ts dif­fé­ren­ts mêmes si notre discus­sion por­te davan­ta­ge sur la dif­fu­sion de l’au­dio). 

Dans cet­te situa­tion en évo­lu­tion per­ma­nen­te au fil des ans, l’u­sa­ge des ondes cour­tes et moyen­nes a  peu à peu per­du de l’im­por­tan­ce sur­tout là où une bon­ne retran­smis­sion de la part d’au­tres émet­teurs était pos­si­ble et  où l’ac­cès au réseau était faci­le­ment acces­si­ble et dispo­ni­ble.  C’est pour­quoi, à un cer­tain sta­de ou dans cer­tai­nes régions il est super­flu ou mar­gi­nal au point que l’on ait dû y renon­cer.  Il fal­lait tenir comp­te de l’o­b­jec­tif à attein­dre, des moyens adé­qua­ts pour y par­ve­nir et natu­rel­le­ment des res­sour­ces dispo­ni­bles. 

Dans ce con­tex­te et depuis plu­sieurs années, comp­te tenu de l’am­pleur des retran­smis­sions de la part des autres radios et de la lar­ge dispo­ni­bi­li­té de l’ac­cès à Internet, nous avons ces­sé les tran­smis­sions sur ondes cour­tes et moyen­nes vers l’Europe, l’Amérique et l’Océanie, c’est-à-dire pra­ti­que­ment la moi­tié des acti­vi­tés de tran­smis­sion du Centre de Santa Maria di Galeria. 

Nous avions en revan­che esti­mé devoir con­ser­ver les émis­sions sur ondes cour­tes vers d’au­tres régions du mon­de, sur­tout l’Asie, le Moyen-Orient et l’Afrique (et même Cuba) où les retran­smis­sions loca­les n’é­ta­ient pas pos­si­bles (p.ex la Chine, l’Inde, le Vietnam, le Moyen-Orient et les pays musul­mans, la Corne de l’Afrique, le Nigéria…) ou bien lor­squ’el­les con­cer­na­ient des zones où l’ac­cès à Internet était peu répan­du ou peu fia­ble (en Afrique où les radios loca­les ne cou­vrent pas de vastes zones géo­gra­phi­ques). 

En cela, la stra­té­gie de RV n’é­tait pas très dif­fé­ren­te mais au con­trai­re simi­lai­re et ali­gnée sur cel­le des autres acteurs du mon­de des tran­smis­sions inter­na­tio­na­les en OC avec lesquels nous avons tou­jours été en con­tact.  Par les régions du mon­de en que­stion, nous esti­mions que le ser­vi­ce sur OC con­ti­nuait à avoir son uti­li­té pour rem­plir la mis­sion de RV et attein­dre des audi­teurs vrai­sem­bla­ble­ment peu nom­breux mais moti­vés et vivant des situa­tions dif­fi­ci­les (à cau­se de la pau­vre­té, de la limi­ta­tion de leur liber­té ou autres) et qu’ils méri­ta­ient donc notre atten­tion.  Le per­son­nel du Centre a accom­pli jusqu’i­ci un tra­vail méri­tant en main­te­nant en bon état les appa­reils néces­sai­res pour main­te­nir ce ser­vi­ce mal­gré une réduc­tion pro­gres­si­ve de nos res­sour­ces et des inve­stis­se­men­ts.  Mais natu­rel­le­ment, il faut en per­ma­nen­ce réé­va­luer le rap­port entre l’u­ti­li­té du ser­vi­ce, sa fina­li­té et l’é­vo­lu­tion des tech­no­lo­gies de com­mu­ni­ca­tion alter­na­ti­ves et des res­sour­ces dispo­ni­bles et ceci peut fai­re l’o­b­jet de poin­ts de vue et de con­si­dé­ra­tions par­fois dif­fé­ren­ts. 

Comme j’ai déjà essayé de l’ex­pli­quer, l’i­den­ti­fi­ca­tion de la RV avec son acti­vi­té d’é­mis­sion sur OC, si elle s’e­st justi­fiée dans les décen­nies pré­cé­den­tes, n’e­st plus adé­qua­te depuis long­temps et elle n’a pas ser­vi RV elle-même par­ce que ça ne l’a pas aidée à fai­re pas­ser le mes­sa­ge que ce qui s’ap­pe­lait enco­re “Radio Vatican” était en réa­li­té très enga­gée dans d’au­tres for­mes de com­mu­ni­ca­tion avec d’au­tres tech­no­lo­gies (voyez le déve­lop­pe­ment du site Internet mul­ti­lin­gue, etc.) exi­gées par le nou­veau con­tex­te des médias et donc – com­me je me plai­sis à le dire – il ne s’a­gis­sait plus d’u­ne radio “au sens strict du ter­me”. 

Dans ce sens, j’ai bien sûr défen­du l’u­ti­li­té d’un cer­tain usa­ge des ondes cour­tes jusqu’à il y a peu mais cela n’a jamais été pour moi un “a prio­ri abso­lu”.  La mis­sion c’e­st de com­mu­ni­quer le mes­sa­ge de l’Evangile et le ser­vi­ce uni­ver­sel du Pape et il faut uti­li­ser les tech­no­lo­gies appro­priées qui chan­gent natu­rel­le­ment avec le temps.  Si les ondes cour­tes sont uti­les dans cer­tai­nes zones géo­gra­phi­ques comp­te tenu de la situa­tion ecclé­sia­le et/ou poli­ti­que, il est bon de les uti­li­ser mais si l’on peut mieux attein­dre cet objec­tif d’u­ne autre façon, il faut les aban­don­ner.  J’avais moi-même pré­sen­té il y a déjà quel­ques années à ce qui était alors le “Conseil des 15 Cardinaux” l’hy­po­thè­se et la per­spec­ti­ve de l’a­ban­don des émis­sions sur ondes cour­tes par le Centre de SMG et d’u­ne restruc­tu­ra­tion radi­ca­le.  Je n’ai jamais envi­sa­gé de me bat­tre jusqu’à la mort pour les ondes cour­tes mais je les ai tou­jours défen­dues en pre­nant les déci­sions qui s’im­po­sa­ient con­tre tou­tes les posi­tions qui me sem­bla­ient super­fi­ciel­les ou qui ne tena­ient pas comp­te des limi­tes enco­re réel­les des pos­si­bi­li­tés offer­tes par les tech­no­lo­gies alter­na­ti­ves. 

Après avoir tra­vail­lé pen­dant 25 ans à RV j’e­sti­me être con­scient des évo­lu­tions des tech­no­lo­gies dont a été témoin au pre­mier chef le P. Antonio Stefanizzi qui a con­struit le Centre de SMG inau­gu­ré per­son­nel­le­ment par Pie XII qui aura bien­tôt 100 ans et qui vit dans l’in­fir­me­rie de ma com­mu­nau­té, il m’a sou­vent mani­fe­sté qu’il était bien con­scien­ce du fait que le Centre arri­vait au ter­me de son histoi­re et que l’a­ve­nir était dans d’au­tres tech­no­lo­gies.  Donc, si dans le cadre de la réfor­me des médias du Vatican des déci­sions sont pri­ses en ce sens, je serai bien sûr tri­ste d’as­si­ster à la fin de notre œuvre mais ce n’e­st pas moi qui m’y oppo­se­rait, tout en sou­hai­tant bien sûr que tous les aspec­ts de la que­stion soient pris en comp­te de façon adé­qua­te, y com­pris en ce qui con­cer­ne le per­son­nel. 

Ceux qui s’in­té­res­sent sérieu­se­ment à ces pro­blè­mes devra­ient se rap­pe­ler éga­le­ment un autre épi­so­de qui a joué un cer­tain rôle dans notre aven­tu­re.  Il s’a­git du déve­lop­pe­ment, au cours des années quatre-vingt-dix, des tech­no­lo­gies de tran­smis­sion digi­ta­les en OC et OM, ce que l’on appe­lait le DRM (Digital Radio Mondiale), une tech­no­lo­gie qui per­met­tait de tran­smet­tre en OC et OM un signal de qua­li­té bien meil­leu­re que le signal ana­lo­gi­que tra­di­tion­nel avec une puis­san­ce de tran­smis­sion bien moin­dre.  Les sta­tions inter­na­tio­na­les ava­ient con­sa­cré beau­coup d’at­ten­tion à cet­te nou­vel­le tech­no­lo­gie inno­van­te, l’é­tu­diant et l’ex­pé­ri­men­tant (on avait pour cela for­mé un con­sor­tium, appe­lé DRM dont RV a long­temps été un mem­bre actif) afin d’or­ga­ni­ser un nou­veau “prin­temps” qui aurait relan­cé les émis­sions en OC et OM sur le déclin tout en per­met­tant de réu­ti­li­ser les équi­pe­men­ts.  Pourtant, mal­gré que la tech­no­lo­gie d’é­mis­sion ait été déve­lop­pée avec suc­cès, les grands pro­duc­teurs de postes radio n’ont pas cru à cet­te voie qui est restée sans débou­ché au niveau inter­na­tio­nal, au moins jusqu’à ce jour, par man­que de récep­teurs suf­fi­sam­ment bon mar­ché (même si cer­tains grands pays com­me la Chine ont con­ti­nué à la déve­lop­per pour leur pro­pre mar­ché inté­rieur).  Cette expé­rien­ce a eu son impor­tan­ce par­ce qu’el­le a inci­té la Direction de RV à fai­re pre­u­ve de pru­den­ce avant de pren­dre des déci­sions de déman­tè­le­ment.  Or la ten­dan­ce glo­ba­le n’a pas chan­gé. 

Je réa­li­se que ma let­tre est un peu lon­gue mais étant don­né que vous m’a­vez cité, je pen­se qu’il est juste de fai­re com­pren­dre que ma posi­tion sur ces suje­ts a tou­jours été et est enco­re aujour­d’­hui plus arti­cu­lées et ouver­te à dif­fé­ren­tes per­spec­ti­ves. 

Merci pour votre atten­tion, 
Federico Lombardi S.J. 

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Un arti­cle de Sandro Magister, vati­ca­ni­ste à L’Espresso

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Date de publication: 14/03/2017