Pendant trois jours, on aurait dit que le ciel nous tombait sur la tête, jusqu’à ce que quelqu’un ne trouve enfin le fin mot de cette histoire. Il ne s’agit pas de Francis Fukuyuma mais bien de l’humble Guido Mocellin, fringant titulaire d’un observatoire de la présence de l’Eglise sur le web pour le journal italien “L’Avvenire”.
> Le net révèle que les manifestes contre François ne sont qu’un banal équivoque
Hé oui, ces fameux manifestes. Ils avaient fait leur apparition dans les rues de Rome le matin du samedi 4 février en apostrophant le pape avec une gouaille bien romaine: “Hé François ! Mais où est-ce qu’elle est ta miséricorde?” tout en citant deux ou trois actes d’autorité du Pontife parmi lesquels la “ ‘décapitation” des Chevaliers de Malte.
Ce qui avait immédiatement donné lieu une condamnation en choeur des détracteurs en plus encore de leurs “commanditaires” assorti de nombreux témoignages de solidarité vis-à-vis de la pauvre victime avec des cérlataions en pagaille entre le cardinal vicaire Agostino Vallini, le cardinal Marc Ouellet, la Présidence de la Conférence épiscopal italienne et celui qui n’en finit pas de dégringoler dans la hiérarchie mais pas dans les indices d’écoute: le directeur de “La Civilità Cattolica” Antonio Spadaro ainsi que le numéro un de l”école de Bologne” Alberto Melloni qui est même allé jusqu’à réclamer dans les colonnes de “la Repubblica” que le pape François dépouille le malheureux cardinal Gerhard L. Müller de sa pourpre cardinalice ne fût-ce que pour “la moitié de ce qu’il a dit et fait” comme si c’était lui qui était responsable de cette campagne d’affichage.
Et puis tout à coup, plus rien. Tous les yeux se sont tournés vers le Festival de Sanremo.
Parce que selon la reconstruction méticuleuse à laquelle Mocellin s’est livré dans “l’Avvenire”, c’est à Sanremo que tout a commencé.
En remontant comme il l’a fait “lien après lien” à l’origine des manifestes, il a découvert que la cible n’aurait pas du être le pape mais un autre François, Francesco Totti, le très populaire capitaine de l’AS Roma, coupable d’avoir été invité au Festival de Sanremo, un acte intolérable aux yeux de certains tifosi du Lazio Rome.
Sauf que l’imprimerie, ne voyant pas arriver le texte du manifeste, a commencé à travailler sur un texte fictif, un copier-coller envoyé par l’un de leurs graphistes qui était également “correspondant à Rome de l’agence Catholic Enough”. Et c’est à ce moment que tout a dérapé. La personne responsable de la photo, après avoir lu le texte, a ajouté une photo du pape au lieu de celle Totti et, alors que les supporters du Lazio Rome ne donnaient toujours aucun signe de vie, les manifestes ont été collés sur les murs de la ville.
“Tout va bien: personne n’en voulait au pape François”, c’est sur cette phrase que Mocellin conclut son compte-rendu dans “l’Avvenire” de ce mercredi 8 février.
Le même soir, Francesco Totti racontait à Sanremo devant 14 millions de téléspectateurs qu’une fois, pour rigoler, on avait coupé le bout de ses chaussettes dans les vestiaires de sorte que ses orteils dépassaient: “On aurait dit Padre Pio”.
Ce soir-là sur scène de Sanremo, il ne manquait plus qu’un autre François: le Pape.
Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.