Joseph Ratzinger sur les abus sexuels dans l’Église : « La raison ultime réside dans l’absence de Dieu »

Les notes qui sui­vent, rédi­gées par le pape émé­ri­te Benoît XVI l’hiver der­nier, vien­nent de para­î­tre dans le men­suel alle­mand « Klerusblatt » et en exclu­si­vi­té pour l’Italie sur « AciStampa » et « Il Corriere del­la Sera » du 11 avril 2019, aux­quels nous vous ren­voyons pour une lec­tu­re inté­gra­le.

Du 21 au 24 février 2019, sur l’invitation du pape François, les pré­si­den­ts de tou­tes les con­fé­ren­ces épi­sco­pa­les du mon­de se sont réu­nies au Vatican pour réflé­chir ensem­ble sur la cri­se de la foi et de l’Église qui sévit dans le mon­de entier à la sui­te de la dif­fu­sion des infor­ma­tions bou­le­ver­san­tes sur d’abus com­mis par des clercs sur des mineurs. L’ampleur et la gra­vi­té des infor­ma­tions sur ces fai­ts ont pro­fon­dé­ment secoué les prê­tres et les laïcs et bon nom­bre d’entre eux ont remis en que­stion la foi de l’Église en tant que tel­le.  Il fal­lait don­ner un signal fort et essayer de don­ner un nou­veau départ pour ren­dre l’Église à nou­veau cré­di­ble com­me lumiè­re des nations et com­me for­ce au ser­vi­ce de la lut­te con­tre les for­ces de destruc­tion.

Étant don­né qu’au moment où la cri­se a publi­que­ment écla­té et s’est pro­gres­si­ve­ment déve­lop­pée, j’occupais per­son­nel­le­ment une posi­tion de respon­sa­bi­li­té en tant que pasteur de l’Église, je ne pou­vais pas ne pas m’interroger – même si en tant que pape émé­ri­te je n’ai plus aucu­ne respon­sa­bi­li­té direc­te – com­ment, à par­tir d’un regard rétro­spec­tif, je pou­vais con­tri­buer à ce nou­veau départ. Et c’est ain­si, dans le laps de temps entre l’annonce de la ren­con­tre des pré­si­den­ts des con­fé­ren­ces épi­sco­pa­les à son début à pro­pre par­ler, que j’ai ras­sem­blé quel­ques notes dans le but de four­nir quel­ques indi­ca­tions uti­les dans ce moment dif­fi­ci­le.  Après avoir con­tac­té le Secrétaire d’État, le car­di­nal Pietro Parolin, et le Saint-Père en per­son­ne, j’estime qu’il est bon de publier dans « Klerusblatt » le tex­te ain­si rédi­gé.

Mon tra­vail se sub­di­vi­se en trois par­ties. Dans un pre­mier temps, j’essaye de décri­re très briè­ve­ment le con­tex­te social de la que­stion, fau­te de quoi le pro­blè­me serait incom­pré­hen­si­ble.  J’essaye de mon­trer com­ment, dans les années 1960, s’est amor­cé un pro­ces­sus inouï, d’une ampleur pra­ti­que­ment sans pré­cé­dent dans tou­te l’histoire.  On peut affir­mer qu’au cours des deux décen­nies entre 1960 et 1980, les cri­tè­res jusque-là en vigueur en matiè­re de sexua­li­té ont fait com­plè­te­ment défaut et qu’il en a résul­té une absen­ce de nor­me à laquel­le on s’est entre­temps effor­cé de remé­dier.

Dans un second temps, j’essaye d’esquisser les con­sé­quen­ces d’une tel­le situa­tion en ce qui con­cer­ne la for­ma­tion et la vie des prê­tres.

Enfin, dans une troi­siè­me par­tie, je déve­lop­pe­rai quel­ques per­spec­ti­ves pour une juste répon­se de la part de l’Église.

Consulter le tex­te inté­gral en ita­lien

Le tex­te ori­gi­nal en alle­mand

Benoît XVI par­le des abus sexuels dans l’Eglise : tra­duc­tion fra­nçai­se inté­gra­le

Une tra­duc­tion en fra­nçais (Benoît et moi)

Tous les arti­cles de Settimo Cielo en fra­nçais

POST SCRIPTUM — L’accueil de l’in­ter­ven­tion du Pape émé­ri­te Benoît XVI par les médias du Vatican a été visi­ble­ment gla­cial.

Le por­tail mul­ti­mé­dia offi­ciel “Vatican News” a relayé l’in­for­ma­tion plu­sieurs heu­res après la publi­ca­tion du tex­te, au milieu des nou­vel­les de second plan, dans un résu­mé lapi­dai­re sans la moin­dre réfé­ren­ce au tex­te inté­gral.

Idem pour “L’Osservatore Romano” impri­mé l’après-midi du 11 avril, qui a publié le même arti­cle résu­mé en bas de la page 7, sans aucu­ne men­tion en pre­miè­re page.

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En ce qui con­cer­ne la genè­se de la publi­ca­tion du tex­te, il est uti­le d’a­jou­ter à ce que le pape Raztinger lui-même dit dans les para­gra­phes d’in­tro­duc­tion cet­te infor­ma­tion sup­plé­men­tai­re, de Massimo Franco dans le “Corriere del­la Sera” du 13 avril :

« Benoît a envoyé ces dix-huit pages et demie sur la pédo­phi­lie “pour votre bon­ne infor­ma­tion” au  car­di­nal secré­tai­re d’État Pietro Parolin, avant le som­met des con­fé­ren­ces épi­sco­pa­les, pour que le pape François puis­se éga­le­ment en avoir con­nais­san­ce. Et dans une let­tre posté­rieu­re à ce som­met, il leur a fait savoir à tous deux qu’il vou­lait ren­dre ces infor­ma­tions publi­ques et il a reçu le feu vert pour le fai­re ».

Reste à savoir pour­quoi le pape François n’a pas per­mis que le tex­te du pape Ratzinger soit remis à tous les par­ti­ci­pan­ts du som­met, alors que c’e­st dans ce but qu’il avait été pré­vu dès le départ.

Un arti­cle de Sandro Magister, vati­ca­ni­ste à L’Espresso.

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Date de publication: 11/04/2019