La fornication vous fait rire ?

Les mili­tan­ts de la laï­ci­té n’hésitent pas à poin­ter du doigt et à rail­ler tou­te dévian­ce, par­ti­cu­liè­re­ment lorsqu’il s’agit de fai­ts d’argent de mœurs. « Justement vous qui dites… ». Justement vous qui défen­dez le céli­bat, vous avez des aman­tes et des enfan­ts. Justement vous qui con­dam­nez la pra­ti­que de la sodo­mie vous êtes sodo­mi­tes ; vous qui par­lez de la pau­vre­té vous êtes atta­chés à l’argent, vous qui fai­tes la mora­le à la socié­té vous être les pires car­rié­ri­stes qui soient ; vous qui par­lez de sécu­la­ri­sa­tion vous êtes sécu­la­ri­sés et en fait nous n’avez même aucun respect pour votre Dieu dont vous mépri­sez les pra­ti­ques de dévo­tion. Ils ont rai­son.

La sœur qui parlait au bon Dieu

En entrant dans cet­te égli­se de Rome, je ne savais pas que j’allais au-devant d’une ren­con­tre mysti­que au car­re­four de la poé­sie, de la lit­té­ra­tu­re et du mystè­re silen­cieux de Dieu qui façon­ne le destin des hom­mes. Quelques sœurs assi­stent à la mes­se. Près de l’entrée, sur une chai­se rou­lan­te, est assi­se une très vieil­le sœur, per­due dans son déli­re mais par­fai­te­ment luci­de, com­me com­blée d’une iro­nie aima­ble et suran­née. En l’observant, je m’aperçois qu’elle a même ces­sé de par­ler aux hom­mes, de répon­dre au tra­vers des media­to­res Dei, elle répond direc­te­ment à Dieu, elle lui par­le : elle est déjà de l’autre côté.

Ce que le pape a vraiment dit aux gays

S’il y a bien quel­que cho­se qui répu­gne à Bergoglio, c’est pré­ci­sé­ment l’homosexualité et c’est pré­ci­sé­ment pour­quoi il l’affronte en con­tour­nant le pro­blè­me. Dans cet avion qui le rame­nait de Rio, il n’a pas pro­non­cé la phra­se que les médias ont rap­por­té mais il a dit : « s’ils cher­chent vrai­ment Jésus… ». Un impé­ra­tif fon­da­men­tal pour ajou­ter ensui­te « qui suis-je moi, pour juger ? ». S’ils cher­chent Jésus. Autrement dit, s’ils l’avaient réel­le­ment trou­vé, ils renon­ce­ra­ient par la for­ce des cho­ses à leur con­dui­te sexuel­le qui appar­tient aux quel­ques rares péchés – il n’y en a que qua­tre ou cinq en tout — qui crient ven­gean­ce au ciel.

A table! Liturgie et idéologie

La table est le lieu de la révé­la­tion des sym­bo­les et de la véri­té, le lieu où tous les vices et tou­tes les ver­tus, tous nos affec­ts et nos res­sen­ti­men­ts se croi­sent et s’entrechoquent. C’est le lieu par excel­len­ce de la poli­ti­que, c’est-à-dire du dit et du non-dit, de l’allusion sub­ti­le, de la pique empoi­son­née et par-dessus tout de cet équi­li­bre à main­te­nir pour pré­ser­ver la fra­gi­le paix dome­sti­que durant la litur­gie solen­nel­le.

Ce qu’il reste du Carême

Le Carême aujour­d’­hui. Ou com­ment le bien-être a pris la pla­ce de ce qui est bien, la pré­ven­tion cel­le de la san­té, l’e­xer­ci­ce phy­si­que cel­le de l’e­xer­ci­ce de la ver­tu. La dié­té­ti­que cel­le du jeû­ne, l’ob­ses­sion con­tre les ali­men­ts gras cel­le des pri­va­tions ali­men­tai­res. Tel est le nou­veau mora­li­sme néo-gnostique. C’est ain­si que nous som­mes pas­sés du regi­men sal­va­tio­nis au regi­men sani­ta­tis.

Le sourire d’Ercolino

Un prê­tre de la ban­lieue de Rome me disait récem­ment : « nous som­mes aujourd’hui de moins en moins nom­breux et il faut tout recom­men­cer depuis le début : nous avons besoin d’aide et c’est à cela que vous devriez nous ser­vir, vous les laïcs plus for­més et con­scien­cieux. Au lieu de cela, vous ne nous créez que des pro­blè­mes, vous con­fon­dez l’humble tra­vail de l’ouvrier dans la vigne avec la volon­té de com­man­der en sacri­stie, vous avez oublié que l’homme ne s’évangélise pas seu­le­ment par des paro­les mais éga­le­ment par l’exemple. ».

Prêtre à Rome, prêtre à Paris

L’autre soir, j’accompagne un jeu­ne ami prê­tre pour dîner aux alen­tours de la Via Tiburtina. Il m’attend en voi­tu­re devant le cime­tiè­re du Verano. Il por­te des vête­men­ts laïcs à part la peti­te lan­guet­te blan­che au cou qui indi­que son état. Alors que nous appro­chons du restau­rant, il fait un geste qui me gla­ce le cœur : il déta­che la lan­guet­te de son cou et la four­re en poche. « Ca t’ennuie ? ».

Je ne suis pas Charlie

Quand la sati­re oublie l’intelligence et tom­be dans la vul­ga­ri­té, elle n’est plus qu’une for­me de fana­ti­sme dis­si­mu­lé : elle n’a pas l’intention de rire du mon­de en le repré­sen­tant sens dessus-dessous mais bien de le ren­ver­ser, avec une volon­té de puis­san­ce, pour le domi­ner en détrui­sant ses adver­sai­res par des allu­sions calom­nieu­ses.