par Maike Hickson
L’article suivant, publié le 26 avril sur LifeSiteNews et reproduit ci-dessous avec leur accord, apporte un nouveau détail intéressant sur l’affaire des « notes » de Benoît XVI sur les abus sexuels dont nous avions déjà parlé dans l’article de Settimo Cielo du 17 avril intitulé « Entre les deux papes, c’est la ‘fracture’. Le silence de François contre Benoît »
Une source bien informée à Rome vient de rectifier la théorie selon laquelle le pape François et le cardinal Pietro Parolin auraient décliné la demande du pape émérite Benoît de distribuer sa lettre sur les abus sexuels aux participants du sommet de février sur les abus sexuels. Cette source, qui est proche de l’affaire, a déclaré à LifeSiteNews qu’en fait, Benoît n’avait jamais fait une telle demande.
Lorsque la lettre du pape Benoît a été publiée, plusieurs spéculations ont circulé dans le grand public, comme celle de savoir s’il avait vraiment rédigé lui-même ce document et pourquoi il avait choisi de le publier dans le petit journal catholique bavarois « Klerusblatt ». Une autre question était celle de savoir si Benoît avait décidé de publier cette lettre parce qu’il avait vu qu’elle n’avait pas été incluse dans les débats du sommet sur les abus du 21–24 février.
Le vaticaniste italien Sandro Magister a rédigé le 17 avril un article sur le sujet dans lequel il faisait d’abord remarquer que Benoît avait déclaré qu’il avait rédigé ce texte avant le sommet sur les abus et que son intention était « d’apporter son aide en cette heure difficile ». Sandro Magister avait fait ce commentaire : « On peut en déduire qu’il les ait écrites avant tout pour les offrir aux dirigeants de l’église convoqués au Vatican par le pape François pour débattre de la question »
M. Magister avait ensuite cité un article du « Corriere della Sera» qui affirmait « Benoît a envoyé les dix-huit pages et demie sur la pédophilie ‘pour bonne information’ au secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin, avant la réunion au sommet des conférences épiscopales, afin que le pape François puisse en avoir également connaissance ».
Sandro Magister avait ensuite commenté : « Le résultat, cependant, c’est qu’aucun des participants au sommet n’a reçu le texte du pape Ratzinger. Le pape François a préféré les garder pour lui, au fond d’un tiroir ».
Si ces faits étaient avérés, cette manière de museler la pensée de Benoît serait très troublante.
Cependant, après que LifeSiteNews ait contacté une source bien informée à Rome, la réponse a été : « Non, cette affirmation de Magister est incorrecte ».
Par la suite, LifeSiteNews a contacté la salle de presse du Saint-Siège pour demander un commentaire mais n’a reçu aucune réponse.
En réponse à une demande de commentaire LifeSiteNews, Sandro Magister a déclaré que le moment où la lettre a été rédigée, soit bien avant le sommet sur les abus, et le fait qu’elle ait été transmise au cardinal Parolin laisse des questions sans réponses.
« Il reste bien confirmé que Benoît avait transmis ces ‘notes’ au cardinal Parolin et, à travers lui, au Pape, même s’il n’a pas demandé explicitement à ce qu’elles soient distribuées aux membres du sommet », a‑t-il déclaré.
« Je trouve tout à fait compréhensible que Benoît n’ait pas formulé cette requête explicitement (c’est également son style) », a‑t-il ajouté.
Sandro Magister a déclaré qu’il n’en restait pas moins que le cardinal Parolin et surtout le Pape n’avaient fait aucun usage de la lettre de Benoît, comme l’a mis en évidence l’issue du sommet qui accuse le cléricalisme (abus de pouvoir) d’être la cause de la crise des abus sexuels sans faire aucune mention de l’homosexualité ni des réseaux homosexuels au sein de la prêtrise.
« Le résultat était très éloigné de l’analyse de Benoît », a déclaré Sandro Magister. « Ils l’ont complètement ignoré. Et je trouve que c’est grave. »
La question de savoir pourquoi le pape François n’a pas envoyé cette lettre très instructive de Benoît aux participants du sommet sur les abus – après avoir bien entendu demandé la permission à Benoît lui-même – reste donc ouverte. La lettre de Benoit met en évidence plusieurs aspects importants d’une atmosphère culturelle et théologique qui a changé – le laxisme doctrinal et moral dans l’Église, l’hédonisme sexuel dans la société au sens large – autant de points qui semblent avoir contribué à l’augmentation des abus sexuels dans le clergé à partir des années 1960.