« Je l’ai appris dans la presse ». Même la mémoire du pape soulève des « dubia »

Ce 17 juin, au cours de son entre­tien avec Philip Pullella de l’agence Reuters, le Pape François a dit quel­que cho­se au sujet des « dubia » qui lui ont été sou­mis en 2016 par qua­tre car­di­naux.

Voici ce que Pullella rap­por­te :

« François a dit avoir enten­du par­ler de la let­tre des car­di­naux qui le cri­ti­qua­ient ‘par les jour­naux… une façon de fai­re qui est, permettez-moi de le dire, fort peu ecclé­sia­le, mais nous fai­sons tous des erreurs” ».

Rien de moins. Mais suf­fi­sam­ment pour pro­vo­quer une répon­se du car­di­nal amé­ri­cain Raymnond Leo Burke, l’un des qua­tre signa­tu­res des « dubia » qui a fait cet­te répon­se à une que­stion de John-Henry Westen dans LifeSiteNews :

« La pro­po­si­tion des ‘dubia’ au Saint-Père a été fai­te selon la pro­cé­du­re habi­tuel­le en usa­ge dans l’Église, c’est-à-dire qu’ils ont été sou­mis au Saint-Père sans leur don­ner la moin­dre publi­ci­té, de façon à ce qu’il puis­se répon­dre pour le bien de l’Église. Le défunt car­di­nal Carlo Caffarra a remis en per­son­ne la let­tre con­te­nant les ‘dubia’ à la rési­den­ce du Pape et, en même temps, à la Congrégation pour la doc­tri­ne de la foi, le 16 sep­tem­bre 2016, tout com­me il l’a fait pour les let­tres sui­van­tes des qua­tre car­di­naux con­cer­nant les ‘dubia’. Ce n’est que plu­sieurs semai­nes plus tard, alors qu’il n’y avait aucu­ne signe de pri­se en con­si­dé­ra­tion des ‘dubia’ et à défaut de répon­se à ces der­niers et qu’on nous ait fait com­pren­dre à nous car­di­naux qu’il n’y aurait aucu­ne répon­se à ces que­stions con­cer­nant les sacre­men­ts du saint maria­ge et de la sain­te eucha­ri­stie et con­cer­nant les fon­de­men­ts de l’enseignement moral de l’Église que les qua­tre car­di­naux, moi com­pris, furent con­train­ts, en âme et con­scien­ce, en tant que car­di­naux, de ren­dre ces ‘dubia’ publics le 14 novem­bre 2016, de sor­te que les fidè­les soient con­scien­ts de ces gra­ves que­stions qui tou­chent au salut des âmes ».

On peut ajou­ter que ce fut le site www.chiesa — avec l’accord des qua­tre car­di­naux – qui public en six lan­gues, le 14 novem­bre 2016, non seu­le­ment le tex­te des « dubia » mais éga­le­ment un préam­bu­le signé par eux qua­tre et la let­tre par dans laquel­le ils sou­met­ta­ient les « dubia » au Pape ain­si l’ample note expli­ca­ti­ve qui l’accompagnait :

> “Faire la clar­té”. L’appel de qua­tre car­di­naux au pape

Dans le préam­bu­le, les qua­tre car­di­naux – qui en plus du car­di­nal Burke comp­ta­ient l’italien Carlo Caffarra et les alle­mands Walter Brandmüller et Joachim Meisner – moti­va­ient ain­si leur déci­sion de ren­dre les « dubia » publics :

« Le Saint-Père a déci­dé de ne pas répon­dre. Nous avons inter­pré­té cet­te déci­sion sou­ve­rai­ne qu’il a pri­se com­me une invi­ta­tion à con­ti­nuer cet­te réfle­xion et cet­te discus­sion cal­me et respec­tueu­se. Et par con­sé­quent nous infor­mons de notre ini­tia­ti­ve tout le peu­ple de Dieu, en lui pro­po­sant tou­te la docu­men­ta­tion. »

Ce qui est exac­te­ment ce que sug­gè­re Jésus en Matthieu 18, 16–17 : « S’il ton frè­re ne t’écoute pas, prends en plus avec toi une ou deux per­son­nes afin que tou­te l’affaire soit réglée sur la paro­le de deux ou trois témoins.  S’il refu­se de les écou­ter, dis-le à l’assemblée de l’Église. »

Le « Témoin » était dans le cas pré­sent le car­di­nal Gerhard L. Müller, à l’époque pré­fet de la Congrégation pour la doc­tri­ne de la foi auquel, en plus du Pape, ava­ient été remis les « dubia ».

———

Sandro Magister est le vati­ca­ni­ste émé­ri­te de l’heb­do­ma­dai­re L’Espresso.
Tous les arti­cles de son blog Settimo Cielo sont dispo­ni­bles sur ce site en lan­gue fra­nçai­se.

Ainsi que l’in­dex com­plet de tous les arti­cles fra­nçais de www.chiesa, son blog pré­cé­dent.

Share Button

Date de publication: 22/06/2018