Un article de Ruggero Sangalli
Les illustrations sont tirées du site de Giovanni Gasparro
Il y a plusieurs mois, Antonio Margheriti m’a demandé de lui livrer une réflexion sur l’origine de tous les maux et de toutes les apostasies, soit l’abolition du Péché Originel d’un point de vue chrétien et catholique. Voilà un sujet politiquement incorrect pour les uns, absurde pour les autres qui, ensemble, forment aujourd’hui la majorité. Le fait est que ce péché originel est devenu le grand disparu et le grand oublié du christianisme alors qu’il se trouve à la base de tout.
Ensuite Antonio se retira dans le silence et l’isolement pendant une longue période et l’article que j’avais rédigé resta inédit, à l’exception des quelques amis avec lesquels je l’avais partagé par email. Mais un jour, Antonio sortit de sa retraite et m’écrivit pour me dire qu’il n’avait pas oublié notre discussion. Et de fait, il me contacta il y a quelques jours pour me dire ceci :
« Un ami catholique belge est venu me trouver hier pour me parler du catholicisme dans son pays, une histoire désormais morte et enterrée, bien sûr. Mais il m’expliquait que pour une bonne partie du clergé, des théologiens et des évêques, s’il y avait bien quelque chose qui allait de soi c’est que Marie n’était en rien immaculée : plus personne ne croyait ni n’enseignait qu’elle avait enfanté en restant vierge et malheur à ceux qui prétendraient le contraire, ils risquent au mieux le ridicule et au pire l’expulsion des séminaires. Voilà le scénario bien connu: la première à abattre pour les progressistes et les hérétiques c’est toujours Marie. La première porte à enfoncer, c’est son enfantement virginal et, bien sûr, son immaculée conception, même si ce dernier détail n’a plus d’importance pour personne. Ce n’est pas un hasard si de nombreux prêtres se refusent à baptiser pour racheter le « péché originel » : il est absurde, disent-ils, qu’un bébé innocent puisse être chargé de fautes qu’il ne peut pas avoir commises. Si Marie se trouve derrière Jésus, le péché originel se trouve derrière Jésus et Marie. Ou tout se tient ou tout devient absurde et s’effondre. »
Dieu du ciel !
Bien entendu, c’est toujours la même histoire de l’œuf et de la poule : lequel vient avant l’autre ?
Sans le péché originel, l’Immaculée conception ne sert à rien.
Sans l’Immaculée conception, la Virginité ne sert à rien.
Sans le miracle, plus besoin de transcendance.
Sans transcendance, Dieu ne sert plus à rien.
Tout n’est que nature. Et c’est l’homme qui la gouverne.
Nous, des pécheurs ? Certainement pas ! Dieu est liberté !
La Révélation ? Et puis quoi encore ? Nous sommes adultes, nous ne croyons plus aux fables.
Nous avons le devoir de « chercher ensemble » la Vérité à travers les « signes des temps ».
En revanche, pour le chrétien, cela ne fait aucun doute : c’est l’œuf qui vient en premier : Dieu crée ! Dieu intervient ! Et nous ne sommes que des serviteurs inutiles. Si nous étions humbles comme Marie, nous dirions « comment cela se peut-il » avant de répondre « oui », en humble servante.
Si nous n’étions pas comme Marie, nous aimerions autant pouvoir nous passer d’un Rédempteur trop encombrant pour pouvoir dialoguer avec le monde entier.
Nous nous passerions également de la volonté du Père. En matière de Règne, nous préférerions certainement le nôtre assorti de l’habituel slogan sataniste : « que ma volonté soit faite, toujours et partout ! ».
La Belgique post-chrétienne est l’avant-garde de ce que sème la théologie actuelle. Et je suis certain d’une chose : le moment venu, elle sera balayée avec tous ses représentants.
Pas par moi, bien sûr, ni par vous ni par nous pauvres insulaires vivant sur notre île déserte (c’est ainsi que les bien-pensants nous voient du haut de leur tour d’ivoire).
A nos yeux de pauvres moines athonites, seule la grâce de Dieu devrait compter et non la victoire sur le monde. Car un autre que nous vaincra.
Tâchons donc de répondre, avec un peu de retard, au souhait d’Antonio Margheriti : ramener le Péché Originel à l’intérieur de l’Eglise et pour ce faire, choisissons cette période emblématique de Noël.
L’Origine de tout
Le Péché Originel est sur le point de devenir un inconnu théologique. Il est évincé de l’enseignement ordinaire de l’Eglise catholique, quand il n’est pas noyé sous des dénominations protestantes dissoutes dans la « religion civile » et donc dans le conformisme mondain. De tous les dogmes, il est toujours celui de trop qui empêche le dialogue sans contrainte, il est toujours le premier à être mis de côté, provoquant un effet domino sur l’Immaculée Conception, l’Incarnation, la nature du Christ et donc sa Rédemption elle-même, dans cette course effrénée vers la dernière mode.
La réalité c’est que l’univers tout entier est marqué par le péché originel, à commencer par ce désordre primitif qui a perturbé l’harmonie de la création. Pour comprendre ce point, il convient de planter un premier jalon dans le sol terrestre : « Au commencement » (bereshit). Dieu est au-delà du temps, il n’a ni commencement ni fin : il est éternel et ne peut pas être confiné dans un espace, il est infini. En créant, lui seul donne vie à la création, au temps et à l’espace. Dieu a créé « le ciel » (non pas dans le sens des galaxies mais bien des « choses invisibles », dont les anges) et « la terre » (non seulement notre planète mais toutes les galaxies et tout ce qui existe). Dieu a créé tout cela pour le bien. Il fit le ciel et la terre, les choses visibles et invisibles, les créatures qui sont purement « spirituelles » et également celles qui ne sont que « matérielles ». L’homme est le sommet de la création parce qu’il rassemble en lui, dans la perfection de la création, ces deux caractéristiques.
Il y eut alors une révolte dans les cieux : certains esprits n’acceptèrent pas de n’être que des créatures et de ne pas pouvoir créer ; il y eut une bataille et les « esprits rebelles furent « précipités sur la « terre ». La jalousie de Lucifer n’accepta pas la volonté (manifeste) de Dieu de prendre chair. Les esprits rebelles, expulsés du Ciel, endroit où règne la volonté divine, furent précipités sur « à terre » où ils exportèrent leur rébellion en tentant l’unique créature dotée de vie spirituelle et de liberté, la seule à pouvoir apprécier la possibilité de refuser la volonté de Dieu.
Les conséquences physiques du choix d’Adam
Ce « désastre » ne fut pas une simple broutille ni un caprice mais un véritable cataclysme qui provoqua une série de conséquences, notamment physiques, sur toute la création et pas seulement sur l’humanité. Aujourd’hui encore, la création est polluée et défigurée par le péché mais aux côtés des libres choix de l’homme et des lois de la nature (les causes secondes ou extérieures), qui, en s’entremêlant, semblent produire cette causalité qui caractérise l’histoire, la volonté de Dieu demeure en tant que Providence qui gouverne les deux.
C’est ainsi que Dieu, qui est Père, Fils et Esprit Saint n’a pas abandonné l’humanité après le péché originel. C’est la personne du Fils, existant depuis toujours, qui a pris chair en l’humanité dé Jésus à travers le « oui » qu’une jeune fille, préservée du péché originel (l’immaculée conception) dit à l’ange lors de l’Annonciation. Jésus nous a appris à demander au Père que son règne vienne, sur la terre comme au ciel. Et que sa volonté soit faite !
Il n’en va pas de même pour l’ange rebelle et déchu qui jalouse le rôle de l’homme depuis que les « choses visibles » existent. Satan est un être spirituel, très intelligent, mais il n’est pas à l’image et à la ressemblance de Dieu. Il hait l’homme, jaloux que Dieu ait pris chair humaine dans le Fils. C’est un chien en laisse qui aboie et qui fait peur mais il ne peut pas mordre tant qu’on ne l’approche pas. Il y a cependant des intervalles où pendant lesquelkes Satan est « libéré de ses chaînes » et notre époque en a toutes les caractéristiques, comme toutes les époques où l’homme, de son propre libre arbitre, a adoré celui qui lui propose que « sa propre volonté soit faite ». L’homme voudrait s’adorer lui-même et, au lieu de cela, il adore le rebelle invisible qui lui suggère de se révolter contre Dieu.
L’homme qui choisit de ne pas faire la volonté de Dieu est en outre condamné à devoir payer un jour les conséquences de n’en avoir fait qu’à sa tête.
Que la volonté de l’homme soit faite ! Le pire châtiment de Dieu
Conséquences tragiques, dramatiques, sanglantes, catastrophiques… Et Dieu le permet parce que le pire châtiment que l’on puisse infliger à l’homme c’est que la volonté de l’homme soit faite, contre la Sienne… En revanche, Dieu ne cesse jamais d’aimer l’homme comme il ne cessa pas de l’aimer après le péché originel. On parle de châtiment parce qu’en réalité, tourner le dos à Dieu, c’est choisir le pire pour l’homme mais même dans ce cas, Dieu ne nous abandonne pas. C’est pour cela que la Révélation est une promesse qui nous invite à faire déboucher l’histoire de la création visible à la conversion de sorte que la nature blessée puisse être divinisée dans le Christ (la Théosis), en communion avec Lui qui est amour.
Il n’y a qu’une seule créature humaine qui ait fait à 100% la volonté de Dieu : l’Immaculée Conception. La toute pure. Est-ce par hasard ? Bien sûr que non. Il faut réfléchir au fait que le christianisme est avant tout une expérience. Dieu se révèle à l’homme qui dispose des facultés de comprendre la Révélation. Et il dispose également de la faculté de se rendre compte de ce qui se passe.
Pendant le baptême de l’enfant de l’un de mes couples d’amis, au beau milieu du chaos total d’un « peuple de Dieu » complètement absorbé par les photos, les caméras, les selfies et autres applaudissements (il est désormais habituel de regrouper une dizaine de baptêmes afin de s’assurer de la présence d’une assemblée nombreuse physiquement mais spirituellement absente au rituel du sacrement) avec un célébrant surtout préoccupé à « paraître sympa », j’ai remarqué que l’on n’avait pas une seule fois mentionné le péché originel en plus d’une heure de célébration. Dieu m’a alors fait une grâce à travers les paroles simples de mon épouse qui m’a dit : « Tu te rends compte ? Ces enfants sont à présent comme l’homme avant le péché originel. Oui, parce que par le baptême, ces créatures ont été régénérées. »
Alors que ceux qui étaient venus de loin pensaient surtout à la fête et aux kilomètres à parcourir pour rejoindre le lieu de la fête, que les parrains et marraines pensaient au cadeau et que les plus « proches » fêtaient « l’invitation à faire partie de la communauté » (rigoureusement accueillante et très sympa, comme si c’était surtout ça le baptême), le sacrement avait incidemment agi sur un « petit problème » assez ancien en imprimant un « sceau » indélébile grâce à l’action de l’Esprit Saint qui nous fait participer au sacerdoce du Christ. Est-ce qu’on « voit » quelque chose ? Absolument rien.
A l’Eglise, nous avons ensuite renouvelé la promesse de notre baptême en renonçant à Satan et en prononçant un triple « credo » sur les dogmes de la foi, suivi par un « ainsi soit-il ». Le transport manifeste avec lequel ces paroles ont été prononcées par l’assemblée n’a certes pas rendu justice à leur signification réelle, en tout cas pour ceux qui avaient l’âge de comprendre ce qu’ils disaient… mais soit. Si donc, pour certains, ce qui ne se voit pas n’existe pas. Qu’en est-il de ce qui se voit ?
Même ceux qui sont honnêtes peuvent ne pas être justes
Les lois des hommes, pour autant qu’elle sont respectées, sont souvent injustes et dictées par des gouvernants intéressés. Elles nous mettent en règle avec le monde. Pourtant, parfois, les lois des hommes ne sont pas en ligne avec les commandements de Dieu (qui constituent le minimum pour être « justes » devant Dieu et devant les hommes), voilà pourquoi on peut tout à fait être honnête sans être « juste ».
On confond souvent aujourd’hui le devoir du croyant avec celui de se comporter comme un « bon citoyen » comme si, à l’époque de Robespierre, ce système avait jamais fonctionné. Alors que les projets humains sont sans cesse remis en question à chaque changement d’idéologie et du pouvoir qui les soutient et les impose en définissant ces lois humaines comme « le remède universel à tous les problèmes du monde », le christianisme en revanche exige bien davantage pour lutter contre le péché et la souffrance qui en découle : développer la vertu (foi, espérance et charité), renoncer au monde (pauvreté, chasteté, obéissance), rester fidèle aux promesses (baptismales, matrimoniales, des ordres sacrés), à ses devoirs de citoyen et s’abandonner à la volonté de Dieu pour en recevoir la grâce. L’amour et la paix viennent de Dieu seul, non pas à la manière du monde, qui répand l’agitation (la folie homicide) et les tragédies recouvertes de bonnes intentions (l’idéologie).
Dieu existe. Il est tout ce que nous ne sommes pas (éternel, omniscient, infini, omnipotent). Il a pris chair de notre chair pour la racheter, pour ramener toute la création à la perfection de Sa volonté, non sans que notre liberté ne puisse la choisir en renonçant à Satan.
Le péché originel a changé l’histoire et la nature
Avec le péché originel, l’histoire a connu un tournant fondamental. Dieu l’a permis, c’est vrai, mais il l’a fait par respect pour la liberté qu’il avait donnée à l’homme, créé à son image et à sa ressemblance. Cet homme, celui qui avait été créé avant le péché, n’existe plus. Le dommage créé par le péché originel a tout gâché. Et, il faut le répéter, ceci a eu des conséquences biologiques et génétiques et pas seulement morales ou consistant en une simple inclination à faire le mal. Le péché a introduit la mort, la douleur, toutes les souffrances qui n’ont pas été créées par Dieu, qui n’existaient pas en Eden et qui n’existeront pas au Paradis, pour ceux qui y iront.
Le dommage est si important qu’il a fallu une réparation. C’est ainsi que Dieu a imaginé un « instrument » (Marie, l’Immaculée) pour réaliser, à partir d’elle, l’incarnation de Jésus, pour notre rédemption.
Dans la volonté de Dieu, l’amour envers l’homme avait déjà envisagé que le fils s’incarnerait un jour pour être ramené à Lui. Cela, Satan le savait, d’où sa jalousie envers l’homme et sa haine du Christ, c’est-à-dire sa haine de Celui qui a toujours été ce que Satan a refusé de servir. Le fait que le Christ, en s’incarnant, ait dû aussi nous racheter est la conséquence du péché : mais la volonté du Fils de se faire chair existait déjà depuis le début, quand Il existait et créait tout. Il n’est pas nécessaire d’adopter une vision « hamartiocentrique » pour concevoir l’incarnation dans la volonté de Dieu ; il suffit de savoir combien Dieu aime l’homme ! C’est le Fils qui s’est fait homme et qui a été crucifié, qui nous a montré combien Dieu nous aime en nous enseignant à prier « Que Ta volonté soit faite, ô Père, sur la terre comme au ciel, pour nous libérer du Mal », c’est-à-dire des conséquences de la tromperie de Satan.
Le dogme disparu et l’obsession du Dieu « inutile ».
Depuis l’époque de l’hérésie de Pélage, parmi ceux qui croyaient au Christ, il en est toujours qui pensent que l’homme pourrait se sauver par lui-même. Il est au contraire indispensable que le Christ, vrai homme, se soit livré librement, en tant que vrai Dieu, laissant crucifier sa nature humaine pour notre rédemption.
En niant le péché originel, on laisse penser que la création puisse être le fait du hasard, qu’elle puisse être laissée au progrès de l’homme et surtout qu’on pourrait se passer du Christ !
Le péché originel est la clef de voûte d’un christianisme qui accepte la révélation de Dieu et qui la contemple, l’annonçant dans sa pureté au lieu de s’en construire une nouvelle interprétation au profit de la mode et des temps en détournant la révélation pour s’en servir à ses propres fins.
L’Eglise monastique, intérieure, spirituelle, annonciatrice de la révélation, dispensatrice des sacrements, même si elle s’est toujours occupée des besoins des hommes, est aujourd’hui devenue une Eglise-communauté extérieure, activiste, protagoniste et en recherche d’un rôle dans le supermarché des options visant à promouvoir l’homme utile, surtout matériellement. C’est l’humain qui est devenu l’acteur principal alors que Dieu est renvoyé dans l’ombre.
Le péché originel révèle en revanche la nécessité d’un rédempteur. L’homme ne peut pas sortir seul de cette situation et, au contraire, il s’enracine chaque jour davantage dans le refus de Dieu. Après plus de vingt siècles de christianisme, la chrétienté est aujourd’hui pécheresse, divisée, théologiquement confuse, évaporée dans des pans entiers de territoires de grande tradition et de culture chrétienne. Jésus l’avait dit: « quand je reviendrai, trouverais-je encore la foi sur la terre ? ». Nous sommes sauvés, oui, mais si nous sommes sauvés, c’est parce que nous sommes perdus. Mais qui a encore l’humilité de se sentir « perdu » si tous ensembles nous pouvons vaincre, si le futur (la vie) n’est pas un don mais notre produit ? Abolir péché originel est indispensable à tous ceux qui souhaitent se passer du Christ comme unique sauveur. Une fois le péché originel supprimé, il est facile de relire l’histoire en devenir avec une grille de lecture évolutionniste, progressiste, de l’homme primitif vers l’homme intelligent puisque le passage qui avait mené l’homme de la perfection à la bestialité du péché n’existe plus. Voilà le retour du mythe du bon sauvage qui est à la base de la logique de Rousseau et de tout l’illuminisme (maçonnique ou antichrétien).
Telle est cette tentation et cette mystification de l’« Eglise universelle », de l’« Eglise nouvelle », a-dogmatique dans laquelle nous sommes tous amis les uns des autres, l’Eglise d’un Christ franc-maçon : un homme venu parler d’amour humain à d’autres hommes, sans prétention de vérité autre que la philanthropie, sans aucun jugement sur la forme puisque « toute forme d’amour est amour », parce qu’il n’y a plus de péché personnel à juger, une Eglise pour laquelle l’enfer est vide puisque nous serions tous « automatiquement » sauvés.
La création tout entière est en attente de la révélation des enfants de Dieu et gémit dans les douleurs de l’enfantement. Le triomphe du cœur immaculé, promis à Fatima, adviendra à travers le triomphe des cœurs (de l’intériorité des hommes capables d’une vie spirituelle) dans lesquels, comme pour Marie, l’on vivra la volonté de Dieu dans la pureté, c’est-à-dire sans réserve, en confiance, sachant qu’elle veut le bien pour tous. Je suis chrétien par la grâce de Dieu. Où est mon mérite ? M’en vanter serait déjà un péché. Adam lui-même commença à faire ce qu’il pensait être le mieux… Et voilà où nous en sommes aujourd’hui, « génétiquement modifiés ».
L’abolition du Péché Originel a déchaîné Satan
Le Concile de Carthage, convoqué en 418 AD par le pape Zosime contre Pélage affirmait qu’il était hérétique de croire que la grâce ne servait qu’à remettre les péchés plutôt qu’à nous donner la force de ne pas en commettre d’autres. Il est tout aussi hérétique de croire que le seul rôle de la grâce serait d’illuminer l’intellect à la conscience de Dieu (un « savoir ») plutôt que de renforcer nos volontés (le « cœur ») pour nous rendre capables de vivre selon le commandement de l’amour, à la façon du Christ. Il ne s’agit pas là de n’importe quel amour mais d’un amour débarrassé du péché. Un amour qui ne dépend pas que de nos propres mérites mais bien de l’action de Dieu qui agit librement en nous, si nous le lui permettons. Comme Marie, l’Immaculée, libérée du péché, l’humilité même par antonomase.
Le péché originel commis par Adam a créé un désastre dont les conséquences nous affectent tous.
Avec le Baptême nous recevons une grâce spéciale au nom de la foi en Christ, même s’il n’empêche pas, après cette entrée dans la vie tournée vers le Seigneur que d’autres péchés ne dirigent ailleurs notre vie de chrétiens.
Appartenir au Christ nous permet de nous ouvrir à Lui et de pouvoir discerner le bien du mal, d’apprendre de lui et de ne pas raisonner comme le monde, désormais soumis à son principe, Satan, haïssant le Christ, jaloux de l’homme, faussaire et meurtrier depuis le début. Sans la grâce, il n’y a pas d’issue.
Cent-dix ans après Carthage, après le pélagianisme, une nouvelle hérésie semi-pélagienne a fait son apparition : l’homme, avec son propre libre-arbitre, pourrait se convertir au bien. L’Eglise réunie à Orange en 529 AD mis au jour la naïveté de cette formulation : tout en acceptant la mort physique comme conséquence du péché originel, on considérerait le libre arbitre humain comme « pur », exempt de tout péché ! Il n’en est malheureusement pas ainsi : la nature humaine est sous la coupe du prince de ce monde et son emprise ne s’étend pas seulement sur nos corps mais aussi nos esprits et sur nos pensées. C’est d’ailleurs là que Satan agit le plus efficacement si nous ne recevons pas la grâce pour discerner le bien du mal dans la Vérité. L’homme actuel n’est plus l’homme du jour de la création ni même celui de la Rédemption.
Le fait d’avoir enfoui cette doctrine et de la considérer comme insignifiante et obsolète (les exemples sont légion) explique vers quoi l’Eglise est en train de glisser et pourquoi Satan se déchaîne à tous les niveaux. C’est pour cela que dès que la créature veut prendre le rôle principal en ignorant le Créateur, il se précipite tout droit dans les bras du maître de la tromperie, le prince de ce monde chassé pour toujours du « Ciel ». Les âmes risquent de subir le même sort pour l’éternité en refusant l’occasion de choisir la volonté de Dieu et une place auprès de lui dans les Cieux.
Pourquoi ne parle-t-on plus du péché originel lors des baptêmes ? Qui l’a réduit à une simple légende ? Voyez-vous à présent qui est celui qui prétend ne pas avoir besoin du Christ comme unique sauveur, qui est celui qui nous incite à croire qu’une simple lecture progressiste de l’histoire est suffisante, que l’homme est une créature intelligente. Qui donc est celui qui a tellement besoin de serviteurs qui l’aident à se rebeller contre celui qui existe et qui est créateur ? Il est à présent facile de reconnaître ceux qui le servent. Partout. Même à l’intérieur de l’Eglise.
L’auteur, Ruggero Sangalli, a notamment publié un ouvrage sur la vie terrestre du Christ. Article traduit de l’original en italien et reproduit avec autorisation.